Le Journal de Montreal

Joe Biden abandonne

Le président américain se retire de la course électorale devant les pressions des ténors de son parti

- LAURENT LAVOIE Le Journal de Montréal

Autre semaine, autre tremblemen­t de terre politique aux États-Unis : le président Joe Biden a renoncé à sa candidatur­e à la prochaine élection, le résultat de pressions grandissan­tes après un débat désastreux contre Donald Trump.

« On est en terrain complèteme­nt inédit. De toute l’histoire américaine, on n’a jamais, jamais eu un candidat présumé d’un parti majeur qui se désistait aussi proche de la convention et des élections, surtout pas avec un président sortant », résume Rafael Jacob, chercheur associé à la Chaire Raoul-Dandurand.

Biden, qui a dédié pas moins de 50 ans de sa vie à la politique, a annoncé sa décision hier sur les réseaux sociaux, un revirement majeur qui survient une semaine après la tentative de meurtre retentissa­nte contre son adversaire, Donald Trump.

DANS L’INTÉRÊT DE LA NATION

« Je pense qu’il est dans l’intérêt de mon parti et du pays que je me retire [de la course] et que je me concentre uniquement sur l’exercice de mes fonctions de président jusqu’à la fin de mon mandat », a écrit Joe Biden. (Voir la lettre en page 8) Le démocrate devrait s’exprimer à la nation, plus tard cette semaine, pour expliquer en détail sa décision, saluée par les ténors de son parti.

Dans une autre publicatio­n, Biden a aussi donné tout son appui à la candidatur­e de sa vice-présidente, Kamala Harris, pour le remplacer. (Voir texte en page 7)

Le dernier mot reviendra, fin août, aux délégués du Parti démocrate, 3900 personnes au profil très varié et pour la plupart complèteme­nt inconnues du grand public.

DÉBAT FATAL

Ce dénouement survient près d’un mois après la performanc­e catastroph­ique de Joe Biden lors d’un débat contre Donald Trump. Elle avait été marquée par les nombreuses hésitation­s et l’apparente confusion de l’homme de 81 ans.

« Il y a toujours eu des rumeurs, des discussion­s [à savoir si] Biden est vraiment l’homme de la situation avec des questions sur son âge, mais des pressions comme on a vu dans les dernières semaines, jamais », analyse Valérie Beaudoin, chercheure associée à la Chaire Raoul-Dandurand.

D’ailleurs, en plus des différents démocrates, l’ex-président Barack Obama, un proche conseiller du politicien, aurait aussi exprimé récemment des inquiétude­s à l’aube de l’élection de novembre.

Aux yeux de Rafael Jacob, il est à ce stade-ci difficile d’expliquer pourquoi Joe Biden a choisi ce moment pour se retirer.

« Sa campagne venait juste de faire sortir dans les dernières heures [les présidents locaux du parti de différents États] avec une lettre appuyant Biden », fait valoir l’expert.

Selon le sondeur Jean-Marc Léger, aussi spécialist­e de la question américaine, on peut considérer que lors de la fin de semaine suivant la Convention républicai­ne, le parti de Donald Trump en profite encore pour marquer des points dans les sondages. Ainsi, pendant ce temps, les démocrates peuvent donner « du temps à la prochaine personne de s’installer », a-t-il avancé en entrevue à LCN.

Les analystes s’entendent pour dire que ces derniers devront rapidement trouver une stratégie pour l’emporter contre Trump.

L’équipe du milliardai­re devra elle aussi adapter ses attaques contre son nouvel adversaire, qui étaient surtout basées sur l’âge et les capacités cognitives du président sortant.

« C’était une bonne nouvelle pour Trump d’avoir Biden comme candidat pour l’élection de novembre parce que sa candidatur­e était encore plus faible qu’elle l’a été par le passé », indique Mme Beaudoin.

 ?? PHOTO AFP ?? Le président des États-Unis, Joe Biden, lors d’une cérémonie de remise de la médaille d’Honneur à la MaisonBlan­che, le 3 juillet dernier. C’était quelques jours après le débat catastroph­ique contre son adversaire, Donald Trump, et le président semblait encore ne pas avoir retrouvé tout son aplomb.
PHOTO AFP Le président des États-Unis, Joe Biden, lors d’une cérémonie de remise de la médaille d’Honneur à la MaisonBlan­che, le 3 juillet dernier. C’était quelques jours après le débat catastroph­ique contre son adversaire, Donald Trump, et le président semblait encore ne pas avoir retrouvé tout son aplomb.

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