Joe Biden abandonne
Le président américain se retire de la course électorale devant les pressions des ténors de son parti
Autre semaine, autre tremblement de terre politique aux États-Unis : le président Joe Biden a renoncé à sa candidature à la prochaine élection, le résultat de pressions grandissantes après un débat désastreux contre Donald Trump.
« On est en terrain complètement inédit. De toute l’histoire américaine, on n’a jamais, jamais eu un candidat présumé d’un parti majeur qui se désistait aussi proche de la convention et des élections, surtout pas avec un président sortant », résume Rafael Jacob, chercheur associé à la Chaire Raoul-Dandurand.
Biden, qui a dédié pas moins de 50 ans de sa vie à la politique, a annoncé sa décision hier sur les réseaux sociaux, un revirement majeur qui survient une semaine après la tentative de meurtre retentissante contre son adversaire, Donald Trump.
DANS L’INTÉRÊT DE LA NATION
« Je pense qu’il est dans l’intérêt de mon parti et du pays que je me retire [de la course] et que je me concentre uniquement sur l’exercice de mes fonctions de président jusqu’à la fin de mon mandat », a écrit Joe Biden. (Voir la lettre en page 8) Le démocrate devrait s’exprimer à la nation, plus tard cette semaine, pour expliquer en détail sa décision, saluée par les ténors de son parti.
Dans une autre publication, Biden a aussi donné tout son appui à la candidature de sa vice-présidente, Kamala Harris, pour le remplacer. (Voir texte en page 7)
Le dernier mot reviendra, fin août, aux délégués du Parti démocrate, 3900 personnes au profil très varié et pour la plupart complètement inconnues du grand public.
DÉBAT FATAL
Ce dénouement survient près d’un mois après la performance catastrophique de Joe Biden lors d’un débat contre Donald Trump. Elle avait été marquée par les nombreuses hésitations et l’apparente confusion de l’homme de 81 ans.
« Il y a toujours eu des rumeurs, des discussions [à savoir si] Biden est vraiment l’homme de la situation avec des questions sur son âge, mais des pressions comme on a vu dans les dernières semaines, jamais », analyse Valérie Beaudoin, chercheure associée à la Chaire Raoul-Dandurand.
D’ailleurs, en plus des différents démocrates, l’ex-président Barack Obama, un proche conseiller du politicien, aurait aussi exprimé récemment des inquiétudes à l’aube de l’élection de novembre.
Aux yeux de Rafael Jacob, il est à ce stade-ci difficile d’expliquer pourquoi Joe Biden a choisi ce moment pour se retirer.
« Sa campagne venait juste de faire sortir dans les dernières heures [les présidents locaux du parti de différents États] avec une lettre appuyant Biden », fait valoir l’expert.
Selon le sondeur Jean-Marc Léger, aussi spécialiste de la question américaine, on peut considérer que lors de la fin de semaine suivant la Convention républicaine, le parti de Donald Trump en profite encore pour marquer des points dans les sondages. Ainsi, pendant ce temps, les démocrates peuvent donner « du temps à la prochaine personne de s’installer », a-t-il avancé en entrevue à LCN.
Les analystes s’entendent pour dire que ces derniers devront rapidement trouver une stratégie pour l’emporter contre Trump.
L’équipe du milliardaire devra elle aussi adapter ses attaques contre son nouvel adversaire, qui étaient surtout basées sur l’âge et les capacités cognitives du président sortant.
« C’était une bonne nouvelle pour Trump d’avoir Biden comme candidat pour l’élection de novembre parce que sa candidature était encore plus faible qu’elle l’a été par le passé », indique Mme Beaudoin.