L’ESPAGNE ÉCRIT L’HISTOIRE À L’EURO
Sa victoire de 2 à 1 face à l’Angleterre lui permet de remporter un quatrième titre de champions
BERLIN | (AFP) L’Espagne a remporté hier l’Euro pour la quatrième fois de l’histoire, un accomplissement inédit réussi aux dépens de l’Angleterre (2-1), de nouveau battue en finale, trois ans après le rêve envolé devant ses propres partisans.
À Berlin, la joyeuse bande de Nico Williams et Lamine Yamal, jeunes ailiers foudroyants, a ramené la « Roja » sur le toit de l’Europe, traçant un trait d’union avec ses glorieux aînés de 1964, 2008 et 2012.
Avec un pointage égal de 1 à 1, tout s’est joué en fin de match. Mikel Oyarzabal, entré à la place du capitaine Alvaro Morata, s’est jeté devant Jordan Pickford pour marquer le but victorieux au bout du suspense, à la 86e minute, sur un centre de Marc Cucurella.
Les partisans rouge et jaune ont explosé de joie dans un Olympiastadion théâtre d’une grosse désillusion, une fois de plus, pour des Anglais encore maudits, au palmarès désespérément vierge depuis le Mondial-1966 gagné à la maison.
« Pour l’instant, nous ne réalisons pas encore de ce que nous avons fait. Nous rentrerons en Espagne demain (aujourd’hui) et nous pourrons vivre cette expérience avec les partisans, l’amour et la chaleur qu’ils nous ont apportés. Je pense que nous sommes entrés dans l’histoire », a dit Nico Williams en conférence de presse.
FIER DE SES JOUEURS
Le royaume du football va devoir sécher ses larmes une nouvelle fois, comme en 2021 lorsque l’Italie était venue, à Londres, enterrer son rêve au bout d’une séance de tirs au but complètement manquée.
Le sélectionneur anglais Gareth Southgate s’est dit « effondré pour tout le monde. Les joueurs ont été incroyables, je suis très fier de ce qu’ils ont fait, mais nous avons été un peu courts ».
La consécration de l’Espagne apparaît méritée au terme d’un parcours que la « Roja » a survolé de son talent et de sa maîtrise, notamment sous les pieds de Lamal, 17 ans depuis samedi, et Williams, 22 ans depuis vendredi.
L’équipe de Luis de la Fuente a traversé le tournoi en boulet de canon, transperçant ses adversaires à tour de rôle, que ce soit la Croatie ou l’Italie au premier tour, le pays hôte allemand en quarts de finale puis la France de Kylian Mbappé en demi-finale.
MAÎTRE DE LA POSSESSION
Hier, les Espagnols ont encore confisqué le ballon, avec un élan offensif toutefois moins prononcé qu’habituellement, du moins en première période, comme méfiants face aux contre-attaques adverses.
À la mi-temps, ces deux facettes apparaissaient assez nettement, puisque le seul tir cadré recensé par l’UEFA était à mettre au crédit de l’Angleterre, malgré une possession largement inférieure (34 %).
La deuxième mi-temps a toutefois démarré sur les chapeaux de roues.
Sur un ballon assez anodin, le défenseur Dani Carvajal a lancé superbement en profondeur Lamine Yamal. L’ailier s’est recentré et a décalé sur la gauche Williams, venu crucifier Jordan Pickford d’un tir croisé que Kyle Walker a tenté de contrer en se jetant par terre (47e, 1-0).
LA RÉPLIQUE ANGLAISE
La rencontre s’est animée à partir de là, avec des Espagnols soudain beaucoup plus libérés et dangereux, comme sur cette frappe puissante de Williams de peu à côté (56e) ou cette tentative de Yamal détournée par Pickford (66e).
Gareth Southgate a tenté plusieurs élec
trochocs, avec l’entrée d’Ollie Watkins à la place du capitaine Harry Kane, et celle de Cole Palmer, l’attaquant virevoltant de Chelsea.
Il n’a fallu que trois minutes au gamin de 22 ans, bien servi en retrait par Bellingham, pour faire trembler les filets espagnols d’une frappe sèche du gauche (73e, 1-1).
Le no 24 avait déjà enfilé sa cape de super-remplaçant en demi-finale contre les Pays-Bas avec une passe décisive pour Watkins.
Mais le banc espagnol avait aussi de la ressource avec Mikel Oyarzabal, l’attaquant de la Real Sociedad, buteur à la limite du hors-jeu, devenu le héros d’une équipe ivre de bonheur au coup de sifflet final.
« J’ai fait mon travail, ce que je devais faire à chaque instant, je devais aider, j’ai eu la chance de donner la victoire. Quand vous traversez des moments difficiles, être ici [avec la sélection] est très précieux et si vous avez la chance de pouvoir aider comme je l’ai fait, c’est la meilleure chose qui soit », a réagi le héros du jour à la télévision espagnole.
« NOUS REVIENDRONS »
Dans l’autre camp, on encaissait difficilement la défaite, à commencer par le vétéran Harry Kane.
« C’est extrêmement douloureux, ça va faire mal pendant longtemps. Tout ce que nous pouvons dire, c’est merci aux partisans, à ceux qui ont cru en nous, et nous reviendrons », a promis l’attaquant de bientôt 31 ans.
« Ce n’est pas facile d’arriver en finale, nous avons fait preuve d’une résilience et d’un caractère incroyables pour arriver là où nous sommes. Mais il faut savoir saisir les occasions quand elles se présentent et nous ne l’avons pas fait », a-t-il ajouté.