Le Journal de Montreal

Valérie Plante se moque de nous !

- Sophie.durocher@quebecorme­dia.com

La première chose que l’on voit en entrant dans l’hôtel de ville de Montréal fraîchemen­t rénové, c’est une femme voilée.

Sur l’affiche qui nous souhaite la « Bienvenue », pour illustrer la diversité des citoyens qui composent la ville, on a :

1– un jeune à casquette,

2– un vieux à lunettes et

3– une femme... portant le voile islamique, qui cache son corps sous une tunique ample par-dessus son pantalon.

La seule et unique représenta­tion d’une citoyenne de Montréal qui a grâce aux yeux de l’administra­tion Plante, c’est celle qui porte un signe religieux ostentatoi­re ?

On a enlevé le crucifix en 2019 pour le remplacer en 2024 par un autre signe religieux ?

UN MUSÉE MÉDIOCRE

Après cinq ans de travaux de rénovation qui ont coûté 211 millions de dollars (il n’y a pas de fautes de frappe, c’est bien 211 MILLIONS), l’hôtel de ville a rouvert ses portes début juin. « Les citoyens sont maintenant invités à “s’approprier” l’hôtel de ville », a déclaré Valérie Plante. C’est ce que j’ai décidé de faire vendredi dernier.

Je voulais aller voir de plus près l’« espace muséal doté d’une exposition permanente » qu’on nous promettait. Avec 211 millions de travaux, je m’attendais à quelque chose de grandiose. J’ai trouvé des cubes de Plexiglas contenant des figurines Lego, censées nous raconter l’histoire de la Ville, dans un lieu beige et blanc. La-men-ta-ble !

Mais ce qui est le plus choquant, c’est le contraste entre la femme voilée de l’affiche à l’accueil et le reste du hall d’entrée.

Dans une section nommée « Montréal religieux », on a placé sous un cube le crucifix qui ornait l’hôtel de ville.

On sort le crucifix par la porte d’en arrière, mais on fait entrer le voile par la porte d’en avant.

Sur le carton « Laïcité montréalai­se », on nous raconte que Montréal a été fondé par « des personnes pieuses », que c’est « la ville aux cent clochers », mais que « depuis la Révolution tranquille », « la religion relève davantage de la sphère privée ».

Sur le carton « Des symboles », on nous informe qu’en 2002 le symbole du crucifix « est remis en question dans la société » et qu’il est retiré en 2019 « suite à l’adoption d’une loi sur la laïcité par le gouverneme­nt du Québec ».

Sur le carton « Pionnières », on nous dit que « l’évolution des mentalités » et « le résultat des luttes féministes » ont mené à l’élection de Valérie Plante. Et on consacre tout un segment à la « visibilité des Montréalai­ses » qui ont su prendre leur place.

Comment peut-on à la fois nous vanter les mérites du féminisme et de la laïcité ET nous proposer un modèle de citoyennet­é qui n’est ni laïc ni féministe ?

OÙ SONT LES FEMMES ?

La semaine dernière, le Mouvement laïque a publié un communiqué dénonçant le « manque d’imaginatio­n, de créativité et de respect des lois lorsqu’il s’agit d’illustrer la diversité qui ne semble pouvoir être rendue visible que par un symbole religieux sexiste ».

Je pose la question à Valérie Plante : comment pouvez-vous d’un côté célébrer la « visibilité » des femmes et de l’autre glorifier un symbole (le voile) qui, au contraire, les efface et les invisibili­se ?

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