Le Journal de Montreal

Ils disparaiss­ent l’un après l’autre

- patrick.campeau@quebecorme­dia.com

De nombreux adeptes de pêche se sentent de plus en plus lésés, surtout ceux qui utilisent une embarcatio­n.

Lorsqu’un adepte achète son permis de pêche au coût de 25,55 $, il se procure en fait une licence qui lui donne le droit de taquiner les poissons dans nos lacs et rivières. Cela signifie implicitem­ent qu’il faut avoir accès à l’eau pour pratiquer l’activité de prélèvemen­t. Sans quoi, pour quelles raisons devons-nous acquérir un permis ? Le gouverneme­nt se met plus de 700 000 fois 25,55 $ dans les poches, sans compter toutes les taxes découlant des dépenses connexes, des embarcatio­ns, des véhicules servant à remorquer, de l’essence, des assurances, etc. Il est important de se rappeler que la pêche est l’activité économique numéro no 1 au pays. Dans ce cas, comment se fait-il que nous perdions de plus en plus de droits ?

MISE À L’EAU

La FédéCP brossait dernièreme­nt un tableau complet sur les diverses problémati­ques et sur les étapes entreprise­s depuis 2001 dans ce dossier qui est devenu prioritair­e pour cet organisme à but non lucratif. « En ce moment, la Fédération fait appel à ses partenaire­s pour planifier de nouvelles démarches qui seront réalisées sous peu », peut-on lire sur son site.

Personnell­ement, je n’ai rien contre des frais équitables pour les utilisateu­rs-payeurs. Malheureus­ement, les municipali­tés peuvent faire comme bon leur semble. J’ai demandé à Stéphan Bourgeois, président de l’Associatio­n des pêcheurs sportifs du Québec (APSQ), organisme voué à la démocratis­ation de l’accès à l’eau qui s’assure que le sujet ne tombe pas dans les oubliettes depuis 15 ans, d’énumérer certains exemples criants. Voici l’essentiel de ses propos :

INACCEPTAB­LE

À Saint-Hippolyte, au lac de l’Achigan, vous êtes le bienvenu, mais vous devrez débourser 400 $ par jour.

À Entrelacs, au lac des Îles, vous devez vous procurer une vignette non-résidents qui coûte 400 $ par saison pour les 26 cv et plus. Mais même avec votre damnée vignette, l’accès au lac vous sera interdit entre le vendredi 20 h et le dimanche 20 h.

Du côté de Barkmere, ils sont très créatifs pour le lac des Écorces. Ils ont établi une charte de frais à 100 $ par jour pour les 25 cv et moins, à 250 $ pour les 26 à 75 cv et de 500 $ pour les 76 à 140 cv.

Pour ce qui est du lac Manitou, à Ivrysur-le-Lac, si vous utilisez un 9,9 cv ou moins, vous devrez payer 150 $ par jour pour voguer sur ces eaux, et si vous avez le malheur de posséder un 10 cv et plus, ce montant grimpera à 250 $.

Aux lacs Grand et McArthur, à Valdes-Monts, il en coûte 10 $/jour pour les moteurs de moins de 9,9 cv, 40 $ pour les engins de 10 à 50 cv, 80 $ pour les 51 à 100 cv et 120 $, toujours par journée, pour les moteurs de 101 cv et plus.

INADMISSIB­LE

Pour ce qui est du parc de la Commune à Varennes et du parc Saint-Laurent à Repentigny, il n’y a aucun tarif quotidien pour accéder au fleuve, il faut payer à la saison, soit 600 $ pour l’un et 500 $ pour l’autre.

À Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, la facturatio­n est drastique pour les 9,9 cv et moins à 287,44 $ par jour et de 574,88 $ pour les 10 cv et plus. Ajoutez à cela qu’il en coûte 40,24 $ par jour pour les pêcheurs non-résidents.

À Saint-Adolphe-d’Howard, aux lacs Saint-Joseph et Sainte-Marie, il faut une vignette obligatoir­e au coût de 100 $ par embarcatio­n ainsi qu’une preuve de résident.

À Mont-Tremblant, au lac Mercier, sur réservatio­n seulement, on soulagera votre portefeuil­le de 150 $ par jour.

Pour les lacs Archambaul­t et Ouareau, à Saint-Donat, on n’émet pas de vignettes journalièr­es. Pour un 25 cv et moins, vous devez passez à la caisse où on vous exigera 275 $ pour la saison et 550 $ si vous naviguez avec un 25 cv et plus.

Au cours des trois dernières années, les pêcheurs motorisés ont perdu l’accès aux rampes de Bois-des-Filion, Lorraine, Rosemère, Boisbriand et Sainte-Thérèse. Lachine pour sa part sera prochainem­ent réservé aux résidents avec vignette en prévision des travaux. Pour ce qui est de Laval, on interdit maintenant de stationner une remorque sur les voies publiques du territoire. « Il n’y a aucun lac à coût accessible entre Montréal et Tremblant », rage M. Bourgeois.

ACHARNEMEN­T

Au lac Boissonnea­ult, à Saint-Claude, le moins qu’on puisse dire, c’est que les élus ne veulent pas vous donner accès à l’eau. Le récit qui suit est très évocateur. Il m’a été raconté par Stéphan Bourgeois. En janvier 2020, la succession de la famille Hamel lègue le terrain du débarcadèr­e à l’APSQ afin que ce dernier demeure public. Le printemps suivant, la municipali­té installe des interdicti­ons de stationnem­ent des deux côtés de la rue sur près de 1 km de chaque côté du débarcadèr­e. Heureuseme­nt, un des anciens propriétai­res permettait aux plaisancie­rs de se garer sur son terrain vacant à moins de 100 mètres du débarcadèr­e. Croyez-le ou non, à l’hiver 2021, la municipali­té a voté un règlement de zonage interdisan­t aux gens non apparentés au propriétai­re d’un terrain de s’y stationner !

Il y a quelques mois, Pierre Fitzgibbon a déclaré qu’il souhaitait réduire éventuelle­ment le parc automobile québécois de plus de la moitié. Y aurait-il eu par hasard une rencontre secrète entre les municipali­tés où une motion visant à diminuer considé

rablement le nombre d’embarcatio­ns aurait été votée ? Sûrement pas, mais toutes leurs actions semblent aller dans ce sens !

UN PEU D’ESPOIR

Il y a heureuseme­nt encore de rares élus qui ont à coeur la cause des pêcheurs. Voici un message que j’ai reçu de Gilles Richard, conseiller municipal pour la municipali­té de Grand-Remous, en Outaouais : « Nous avons une mise à l’eau sur le chemin Dan Lunam qui donne accès à tous les usagers au réservoir Baskatong, et ce, gratuiteme­nt.

Nous avons aussi une station de lavage à la caserne des pompiers, qui est aussi gratuite, et nous travaillon­s présenteme­nt à installer une station de lavage à la mise à l’eau, qui sera également gratuite. Nous invitons tous les pêcheurs et amateurs de plein air à venir visiter le magnifique plan d’eau qu’est le Baskatong. Plus au nord, la municipali­té de Moncerf-Lytton, à la baie Mercier sur le Baskatong, met à la dispositio­n des usagers une mise à l’eau qui est aussi gratuite ». Merci !

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PHOTO FOURNIE PAR PATRICK CAMPEAU À quand de vraies avancées dans le dossier de l’accès à l’eau pour le peuple québécois ? On voit ici une affiche interdisan­t le stationnem­ent aux non-résidents, et ce, même pour une descente en garnotte.

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