Ils disparaissent l’un après l’autre
De nombreux adeptes de pêche se sentent de plus en plus lésés, surtout ceux qui utilisent une embarcation.
Lorsqu’un adepte achète son permis de pêche au coût de 25,55 $, il se procure en fait une licence qui lui donne le droit de taquiner les poissons dans nos lacs et rivières. Cela signifie implicitement qu’il faut avoir accès à l’eau pour pratiquer l’activité de prélèvement. Sans quoi, pour quelles raisons devons-nous acquérir un permis ? Le gouvernement se met plus de 700 000 fois 25,55 $ dans les poches, sans compter toutes les taxes découlant des dépenses connexes, des embarcations, des véhicules servant à remorquer, de l’essence, des assurances, etc. Il est important de se rappeler que la pêche est l’activité économique numéro no 1 au pays. Dans ce cas, comment se fait-il que nous perdions de plus en plus de droits ?
MISE À L’EAU
La FédéCP brossait dernièrement un tableau complet sur les diverses problématiques et sur les étapes entreprises depuis 2001 dans ce dossier qui est devenu prioritaire pour cet organisme à but non lucratif. « En ce moment, la Fédération fait appel à ses partenaires pour planifier de nouvelles démarches qui seront réalisées sous peu », peut-on lire sur son site.
Personnellement, je n’ai rien contre des frais équitables pour les utilisateurs-payeurs. Malheureusement, les municipalités peuvent faire comme bon leur semble. J’ai demandé à Stéphan Bourgeois, président de l’Association des pêcheurs sportifs du Québec (APSQ), organisme voué à la démocratisation de l’accès à l’eau qui s’assure que le sujet ne tombe pas dans les oubliettes depuis 15 ans, d’énumérer certains exemples criants. Voici l’essentiel de ses propos :
INACCEPTABLE
À Saint-Hippolyte, au lac de l’Achigan, vous êtes le bienvenu, mais vous devrez débourser 400 $ par jour.
À Entrelacs, au lac des Îles, vous devez vous procurer une vignette non-résidents qui coûte 400 $ par saison pour les 26 cv et plus. Mais même avec votre damnée vignette, l’accès au lac vous sera interdit entre le vendredi 20 h et le dimanche 20 h.
Du côté de Barkmere, ils sont très créatifs pour le lac des Écorces. Ils ont établi une charte de frais à 100 $ par jour pour les 25 cv et moins, à 250 $ pour les 26 à 75 cv et de 500 $ pour les 76 à 140 cv.
Pour ce qui est du lac Manitou, à Ivrysur-le-Lac, si vous utilisez un 9,9 cv ou moins, vous devrez payer 150 $ par jour pour voguer sur ces eaux, et si vous avez le malheur de posséder un 10 cv et plus, ce montant grimpera à 250 $.
Aux lacs Grand et McArthur, à Valdes-Monts, il en coûte 10 $/jour pour les moteurs de moins de 9,9 cv, 40 $ pour les engins de 10 à 50 cv, 80 $ pour les 51 à 100 cv et 120 $, toujours par journée, pour les moteurs de 101 cv et plus.
INADMISSIBLE
Pour ce qui est du parc de la Commune à Varennes et du parc Saint-Laurent à Repentigny, il n’y a aucun tarif quotidien pour accéder au fleuve, il faut payer à la saison, soit 600 $ pour l’un et 500 $ pour l’autre.
À Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, la facturation est drastique pour les 9,9 cv et moins à 287,44 $ par jour et de 574,88 $ pour les 10 cv et plus. Ajoutez à cela qu’il en coûte 40,24 $ par jour pour les pêcheurs non-résidents.
À Saint-Adolphe-d’Howard, aux lacs Saint-Joseph et Sainte-Marie, il faut une vignette obligatoire au coût de 100 $ par embarcation ainsi qu’une preuve de résident.
À Mont-Tremblant, au lac Mercier, sur réservation seulement, on soulagera votre portefeuille de 150 $ par jour.
Pour les lacs Archambault et Ouareau, à Saint-Donat, on n’émet pas de vignettes journalières. Pour un 25 cv et moins, vous devez passez à la caisse où on vous exigera 275 $ pour la saison et 550 $ si vous naviguez avec un 25 cv et plus.
Au cours des trois dernières années, les pêcheurs motorisés ont perdu l’accès aux rampes de Bois-des-Filion, Lorraine, Rosemère, Boisbriand et Sainte-Thérèse. Lachine pour sa part sera prochainement réservé aux résidents avec vignette en prévision des travaux. Pour ce qui est de Laval, on interdit maintenant de stationner une remorque sur les voies publiques du territoire. « Il n’y a aucun lac à coût accessible entre Montréal et Tremblant », rage M. Bourgeois.
ACHARNEMENT
Au lac Boissonneault, à Saint-Claude, le moins qu’on puisse dire, c’est que les élus ne veulent pas vous donner accès à l’eau. Le récit qui suit est très évocateur. Il m’a été raconté par Stéphan Bourgeois. En janvier 2020, la succession de la famille Hamel lègue le terrain du débarcadère à l’APSQ afin que ce dernier demeure public. Le printemps suivant, la municipalité installe des interdictions de stationnement des deux côtés de la rue sur près de 1 km de chaque côté du débarcadère. Heureusement, un des anciens propriétaires permettait aux plaisanciers de se garer sur son terrain vacant à moins de 100 mètres du débarcadère. Croyez-le ou non, à l’hiver 2021, la municipalité a voté un règlement de zonage interdisant aux gens non apparentés au propriétaire d’un terrain de s’y stationner !
Il y a quelques mois, Pierre Fitzgibbon a déclaré qu’il souhaitait réduire éventuellement le parc automobile québécois de plus de la moitié. Y aurait-il eu par hasard une rencontre secrète entre les municipalités où une motion visant à diminuer considé
rablement le nombre d’embarcations aurait été votée ? Sûrement pas, mais toutes leurs actions semblent aller dans ce sens !
UN PEU D’ESPOIR
Il y a heureusement encore de rares élus qui ont à coeur la cause des pêcheurs. Voici un message que j’ai reçu de Gilles Richard, conseiller municipal pour la municipalité de Grand-Remous, en Outaouais : « Nous avons une mise à l’eau sur le chemin Dan Lunam qui donne accès à tous les usagers au réservoir Baskatong, et ce, gratuitement.
Nous avons aussi une station de lavage à la caserne des pompiers, qui est aussi gratuite, et nous travaillons présentement à installer une station de lavage à la mise à l’eau, qui sera également gratuite. Nous invitons tous les pêcheurs et amateurs de plein air à venir visiter le magnifique plan d’eau qu’est le Baskatong. Plus au nord, la municipalité de Moncerf-Lytton, à la baie Mercier sur le Baskatong, met à la disposition des usagers une mise à l’eau qui est aussi gratuite ». Merci !