Pendant que que le président se démène, Donald Trump s’amuse
Entre la désastreuse performance de Joe Biden à leur premier face-à-face et son couronnement, la semaine prochaine, à la Convention du Parti républicain, Donald Trump vit ses meilleurs jours sur le chemin de son retour à la Maison-Blanche.
Même dans ses rêves les plus fous, le candidat à l’investiture républicaine ne s’imaginait certainement pas se retrouver dans cette position à moins de quatre mois de l’élection présidentielle.
Le parti de Ronald Reagan s’est liquéfié devant lui et plus personne ne critique les propos extravagants qu’il continue de tenir. Le programme républicain reprend ses idées les plus controversées – « la plus grande déportation d’immigrants de l’histoire américaine » –, mais écarte aussi le durcissement de l’accès à l’avortement, un dogme bien ancré depuis des années.
Donald Trump a conclu, à juste titre, que les Américains n’étaient pas aussi radicaux sur cette question que les évangéliques qui monopolisent le débat à droite de l’échiquier politique ; écartées, du coup, les intentions de donner aux foetus le statut d’« êtres humains à naître ». Les extrémistes n’ont qu’à rentrer dans le rang.
DES OPPOSANTS, IL N’Y EN A PLUS
C’est d’ailleurs ce qu’a fait, cette semaine, sa plus farouche rivale dans la course à l’investiture républicaine. Nikki Haley – après avoir qualifié Donald Trump de « dérangé » qui
« ne peut pas gagner des élections générales » et dont l’idée d’en faire le candidat du parti « est comme un suicide pour notre pays » – a libéré ses 95 délégués remportés pendant les primaires, les exhortant à soutenir Trump.
Même docilité chez Ron DeSantis, le gouverneur de la Floride. Lui qui se moquait des républicains qui allaient « embrasser la bague » pour s’attirer les faveurs de l’ancien président prononcera maintenant un discours nécessairement louangeur à l’égard de Trump à la Convention du parti.
Donald Trump prend aussi un plaisir évident à nourrir le suspense autour de son choix pour la vice-présidence. Il fallait l’entendre mardi soir au rassemblement politique qu’il a tenu à son club de golf de Doral en Floride, « un des plus grands terrains de golf au monde »... autre fanfaronnade à ajouter à la liste.
PARLANT DE DOCILITÉ
Marco Rubio – le sénateur républicain de Floride, que Trump surnommait avec mépris le « p’tit Marco » quand ils cherchaient tous les deux à mettre la main sur l’investiture républicaine en 2016 – souriait à pleines dents lorsque Trump, à plusieurs reprises au cours de son discours, l’a interpellé.
Rubio figure, selon les meilleurs observateurs, sur la courte liste d’éventuels colistiers de Trump avec J. D. Vance, le sénateur de l’Ohio, ancien « Never-Trump », et Doug Burgum, le gouverneur du Dakota du Nord qui, en juillet l’an dernier, écartait la possibilité de faire des affaires avec Trump, parce qu’on « vous juge selon les relations que vous entretenez ». Tous ont fait leur acte de contrition et sont désormais prêts à accompagner l’ex-président jusqu’au bout.
Les quatre jours de la Convention républicaine vont rassembler 50 000 personnes, en plus de plusieurs centaines de journalistes, à Milwaukee, la plus grande ville du Wisconsin.
Reste à voir si on lui tiendra rigueur de l’avoir qualifiée de « horrible city », un impair que son porte-parole a tenté de corriger en affirmant que Trump faisait référence aux problèmes de criminalité et de fraude électorale dont la ville, prétend-il, est affligée.
FAIRE TOMBER LE « MUR BLEU » ?
Bruyants et nombreux, les républicains se feront voir et entendre, peutêtre juste assez pour ultimement faire tomber le Wisconsin dans leur camp à l’élection présidentielle. Joe Biden, en 2020, ne l’avait remporté que par 20 682 voix sur plus de 3,2 millions exprimées.
Si Donald Trump en venait à gagner l’État et faire s’écrouler le « Blue Wall » (Michigan, Wisconsin, Pennsylvanie) sur lequel compte l’équipe de Joe Biden, il pourrait, à l’image des dernières semaines, continuer de rigoler jusqu’à la Maison-Blanche.