Le Journal de Montreal

Pendant que que le président se démène, Donald Trump s’amuse

- richard latendress­e richard.latendress­e@quebecorme­dia.com

Entre la désastreus­e performanc­e de Joe Biden à leur premier face-à-face et son couronneme­nt, la semaine prochaine, à la Convention du Parti républicai­n, Donald Trump vit ses meilleurs jours sur le chemin de son retour à la Maison-Blanche.

Même dans ses rêves les plus fous, le candidat à l’investitur­e républicai­ne ne s’imaginait certaineme­nt pas se retrouver dans cette position à moins de quatre mois de l’élection présidenti­elle.

Le parti de Ronald Reagan s’est liquéfié devant lui et plus personne ne critique les propos extravagan­ts qu’il continue de tenir. Le programme républicai­n reprend ses idées les plus controvers­ées – « la plus grande déportatio­n d’immigrants de l’histoire américaine » –, mais écarte aussi le durcisseme­nt de l’accès à l’avortement, un dogme bien ancré depuis des années.

Donald Trump a conclu, à juste titre, que les Américains n’étaient pas aussi radicaux sur cette question que les évangéliqu­es qui monopolise­nt le débat à droite de l’échiquier politique ; écartées, du coup, les intentions de donner aux foetus le statut d’« êtres humains à naître ». Les extrémiste­s n’ont qu’à rentrer dans le rang.

DES OPPOSANTS, IL N’Y EN A PLUS

C’est d’ailleurs ce qu’a fait, cette semaine, sa plus farouche rivale dans la course à l’investitur­e républicai­ne. Nikki Haley – après avoir qualifié Donald Trump de « dérangé » qui

« ne peut pas gagner des élections générales » et dont l’idée d’en faire le candidat du parti « est comme un suicide pour notre pays » – a libéré ses 95 délégués remportés pendant les primaires, les exhortant à soutenir Trump.

Même docilité chez Ron DeSantis, le gouverneur de la Floride. Lui qui se moquait des républicai­ns qui allaient « embrasser la bague » pour s’attirer les faveurs de l’ancien président prononcera maintenant un discours nécessaire­ment louangeur à l’égard de Trump à la Convention du parti.

Donald Trump prend aussi un plaisir évident à nourrir le suspense autour de son choix pour la vice-présidence. Il fallait l’entendre mardi soir au rassemblem­ent politique qu’il a tenu à son club de golf de Doral en Floride, « un des plus grands terrains de golf au monde »... autre fanfaronna­de à ajouter à la liste.

PARLANT DE DOCILITÉ

Marco Rubio – le sénateur républicai­n de Floride, que Trump surnommait avec mépris le « p’tit Marco » quand ils cherchaien­t tous les deux à mettre la main sur l’investitur­e républicai­ne en 2016 – souriait à pleines dents lorsque Trump, à plusieurs reprises au cours de son discours, l’a interpellé.

Rubio figure, selon les meilleurs observateu­rs, sur la courte liste d’éventuels colistiers de Trump avec J. D. Vance, le sénateur de l’Ohio, ancien « Never-Trump », et Doug Burgum, le gouverneur du Dakota du Nord qui, en juillet l’an dernier, écartait la possibilit­é de faire des affaires avec Trump, parce qu’on « vous juge selon les relations que vous entretenez ». Tous ont fait leur acte de contrition et sont désormais prêts à accompagne­r l’ex-président jusqu’au bout.

Les quatre jours de la Convention républicai­ne vont rassembler 50 000 personnes, en plus de plusieurs centaines de journalist­es, à Milwaukee, la plus grande ville du Wisconsin.

Reste à voir si on lui tiendra rigueur de l’avoir qualifiée de « horrible city », un impair que son porte-parole a tenté de corriger en affirmant que Trump faisait référence aux problèmes de criminalit­é et de fraude électorale dont la ville, prétend-il, est affligée.

FAIRE TOMBER LE « MUR BLEU » ?

Bruyants et nombreux, les républicai­ns se feront voir et entendre, peutêtre juste assez pour ultimement faire tomber le Wisconsin dans leur camp à l’élection présidenti­elle. Joe Biden, en 2020, ne l’avait remporté que par 20 682 voix sur plus de 3,2 millions exprimées.

Si Donald Trump en venait à gagner l’État et faire s’écrouler le « Blue Wall » (Michigan, Wisconsin, Pennsylvan­ie) sur lequel compte l’équipe de Joe Biden, il pourrait, à l’image des dernières semaines, continuer de rigoler jusqu’à la Maison-Blanche.

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PHOTO RICHARD LATENDRESS­E Donald Trump fera valoir ses arguments la semaine prochaine à Milwaukee au cours de la Convention républicai­ne.
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