Le Journal de Montreal

Comment nourrir le racisme sans se fatiguer

- Opinions richard.martineau @quebecorme­dia.com

Je vous présentais l’autre jour un « Petit guide pour détruire la démocratie en six étapes faciles ».

Toujours critiquer son pays, ne jamais parler des progrès accomplis, nourrir la méfiance envers les médias traditionn­els, présenter des terroriste­s comme des héros, apprendre aux enfants que tout est relatif et qu’il n’existe aucune valeur absolue, etc.

Mais j’ai gardé la septième étape pour aujourd’hui – une étape essentiell­e, la plus efficace de toutes pour foutre le bordel dans un pays et détricoter le lien social :

Diviser la société en petites communauté­s et réduire l’identité d’une personne à la couleur de sa peau.

Ça, c’est la meilleure stratégie pour faire le maximum de dégâts en un minimum de temps.

CRIMINELS « MALGRÉ EUX »

Prenez la lettre ouverte que Murielle Chatelier et Yannick Lacroix, tous deux de l’Associatio­n des Québécois contre le racialisme, ont publiée dans La Presse mardi dernier (« Justice pour les personnes noires : vers un système à deux vitesses ? »).

Ils nous annoncent que le ministère fédéral de la Justice a récemment publié un rapport dans lequel on affirme que le système de justice actuel est raciste et qu’il faudrait instaurer un système parallèle pour juger les personnes noires.

Mais quelle bonne idée !

Un système pour les Blancs, un système pour les Noirs !

Tu as brisé la loi et tu es blanc ? Tu es un criminel. Tu as brisé la loi et tu es noir ? Tu es une pauvre victime du système qui t’a poussé à briser la loi...

C’est la meilleure recette pour nourrir les tensions raciales.

Tenez, ça me fait penser à ce livre sur le gang de rue Bélanger qui a été publié l’année dernière : Il fallait se défendre : l’histoire du premier gang de rue haïtien à Montréal.

Pendant les années 80, le gang Bélanger faisait régner la terreur dans le nord de la ville. Or, selon les deux auteurs du livre, si les membres de cette organisati­on ont « trempé dans les cambriolag­es, les vols à l’étalage et le proxénétis­me », c’était à cause de la pauvreté et du manque de possibilit­és de travail.

Bref, si ce gang de Noirs faisait régner la terreur dans la communauté noire, c’était à cause... des Blancs !

Comme si la grande majorité des citoyens noirs ne gagnaient pas leur vie honnêtemen­t dans les années 80 ! Et ne respectaie­nt pas la loi !

Il faut dire que le co-auteur de ce livre louangeant un gang de rue violent est Ted Rutland, un prof de l’Université Concordia qui, dans

X, a récemment écrit, à propos des manifestat­ions propalesti­niennes, qu’il fallait « bloquer les autoroutes, les ports, les voies ferrées ».

Ça vous donne une idée de l’idéologie qui l’anime...

LA RECETTE PARFAITE

Comme dit l’essayiste Rachel Khan (faut-il spécifier qu’elle est noire ?) dans son livre Racée, l’ambition première des militants antiracist­es et identitair­es « n’est pas la justice et l’égalité, mais le clivage ».

Ou, pour reprendre les mots de Delphine Horvilleur, « certains [les Blancs] sont coupables pour ce qu’ils sont et d’autres [les “racisés”] sont innocents quoi qu’ils fassent ».

« Au lieu d’animer l’ouverture », continue Rachel Khan, cette assignatio­n identitair­e, cette manie d’enfermer les gens dans leur race, leur religion ou leur orientatio­n sexuelle « rétrécit le monde et réduit la pensée ».

La jeunesse des années 80 et 90 (celle de Johnny Clegg, de Bob Geldof et des Colocs) voulait abattre les murs qui séparaient les ethnies. Celle des années 2020 ne cesse d’en ériger.

Et après ça, on me dira que c’est moi qui ai tourné le dos à la gauche ?

« L’identité, c’est une lasagne », de dire l’auteur et comédien Ismaël Saidi. « Un ensemble de couches. La lasagne, c’est la seule réponse possible face aux “identitair­es”, aux “indigénist­es”, aux “wokistes”, aux “islamistes” ou que sais-je encore, qui ne cessent de parler de la supposée pureté de leur histoire, de leur origine, de leur croyance. »

Bref, vous voulez détruire votre société ?

Prônez l’enfermemen­t identitair­e, et accordez des privilèges à ceux qui ont la « bonne » couleur de peau ou la « bonne » sexualité, vous verrez, en 10 ans, max, tout va se déglinguer.

Alice Munro « annulée » ?

Dans un texte paru dans le Toronto Star, la fille de la grande écrivaine canadienne

Alice Munro, qui a été agressée par son beau-père alors qu’elle était enfant

(l’homme a plaidé coupable d’attentat à la pudeur en 2005), affirme que sa mère savait ce qui se passait, mais qu’elle n’a rien fait.

Cette allégation est d’autant plus choquante que la lauréate du prix Nobel de littératur­e a toujours été considérée comme une grande humaniste.

Les wokes, qui sont toujours rapides sur la gâchette quand vient le temps « d’annuler » des artistes « controvers­és », vont-ils demander qu’on retire les livres de madame Munro des bibliothèq­ues ?

Ou feront-ils une exception parce qu’elle est une femme ?

Les compagnies aériennes se foutent de leurs clients

Ma fille aînée qui vit en Australie est venue passer un mois à Montréal. Elle devait retourner en Australie en début de semaine, mais son vol a été annulé à trois reprises par Air Canada.

Heureuseme­nt, ces derniers jours, ma fille vivait chez sa mère. Mais si elle avait vécu à l’hôtel, ça aurait pris combien de temps pour qu’elle soit remboursée ? Sans oublier les journées de travail qu’elle a manquées...

On a de plus en plus l’impression que les compagnies aériennes se foutent de leurs clients. On n’est pas censé avoir une charte des passagers ?

Les antiracist­es identitair­es ne combattent pas le racisme, ils le nourrissen­t !

Victimes de fausses allégation­s

Cette semaine, deux policiers qui avaient été accusés de profilage racial ont été lavés de tout soupçon par la commissair­e à la déontologi­e policière.

Et une Montréalai­se qui avait faussement accusé un homme de l’avoir violée a été condamnée à payer 200 000 $ pour avoir « ruiné sa vie ».

Preuve qu’il ne faut jamais sauter aux conclusion­s et condamner sans preuve, car, oui, il arrive que des « victimes alléguées » mentent.

C’est plate, mais c’est la vie.

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