Le Journal de Montreal

QUAND LE SPORT VIENT APAISER LE DEUIL

- STÉPHANE CADORETTE

Parfois, la motivation à se lancer dans des compétitio­ns sportives d’endurance comme le Ironman 70,3 de Mont-Tremblant provient d’un profond malaise. Carolyn Park en est la preuve incarnée, elle qui a surmonté le décès de son mari et une dépendance à l’alcool pour plonger dans une dépendance plus saine.

L’athlète ontarienne du club de triathlon de Burlington est fièrement sobre depuis quatre ans, mais sa vie n’a pas toujours été aussi belle et bien remplie.

Aujourd’hui, ses deux beaux enfants ont 12 et 14 ans et la maman accomplie qu’elle est devenue pétille de bonheur après s’être reconstrui­te. Il y a neuf ans, son mari rendait les armes au terme d’une longue bataille avec le cancer et elle entamait à sa façon un combat pernicieux à son tour.

La consommati­on représenta­it l’unique exutoire, non fonctionne­l de surcroît, pour essayer de moins broyer du noir. La lumière est revenue sur sa route un peu par hasard.

« Je suis tombée dans le monde de l’Ironman par accident. Plus jeune, ce n’est jamais quelque chose qui m’a attiré. La seule course que je faisais dans ma vie, c’était pour fuir mes problèmes.

« Quand j’ai fait ma première course à vie il y a deux ans, c’est comme si la partie gauche de mon cerveau me disait de tout arrêter, tandis que la partie droite me disait : go, continue ! », relate la triathloni­enne de 35 ans.

UNE BELLE DÉCOUVERTE

Carolyn Park a donc trempé ses orteils de manière hésitante pour ensuite rapidement plonger dans la marmite. Elle a notamment goûté au Ironman 70,3 de Tremblant pour une première fois l’été dernier et s’offre de nouveau ce pèlerinage dans les Laurentide­s en compagnie de ses enfants.

« Ils me soutiennen­t et sont fiers de leur maman, ce qui me rend très heureuse. Ils savent par quoi j’ai dû passer. J’étais complèteme­nt perdue et je cherchais mon identité, autre que celle de mère ou de veuve. J’ai camouflé mes émotions dans l’alcool. J’ai perdu le contrôle et l’entraîneme­nt est devenu un outil pour atteindre la sobriété », dit-elle en toute franchise.

NOUVELLE VIE

Maintenant, la femme endeuillée qu’elle était voit la vie d’un nouvel oeil. Plutôt que la traditionn­elle gueule de bois du samedi matin, c’est une centaine de kilomètres à vélo qui lance sa journée.

« Je reviens à la maison et mes adolescent­s sortent à peine du lit. J’ai fait ma journée avant même que la journée ait commencé. »

« Je sens que mes enfants me respectent plus que comme simple mère, mais aussi comme une personne qu’ils peuvent admirer parce qu’elle accomplit des choses difficiles », constate-t-elle.

La piqûre est telle que Carolyn Park se lancera même dans un Ironman complet (3,8 km de nage, 180 km de vélo et 42,2 km de course), dans le Maryland, en septembre.

« Le triathlon est une forme de méditation pour moi parce que je ne pense pas au passé ni au futur. Je reste dans le moment et je suis reconnaiss­ante que mon corps me permette de faire ça », explique l’inspirante demoiselle.

 ?? PHOTO FOURNIE PAR CAROLYN PARK ?? Carolyn Park adore la discipline que lui impose la préparatio­n aux épreuves de triathlon comme le Ironman 70,3 de Mont-Tremblant.
PHOTO FOURNIE PAR CAROLYN PARK Carolyn Park adore la discipline que lui impose la préparatio­n aux épreuves de triathlon comme le Ironman 70,3 de Mont-Tremblant.
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada