Le Journal de Montreal

La marche à suivre pour acheter une partie de la maison de votre conjoint

- Ghislain.larochelle @quebecorme­dia.com

Joannie, qui est en couple depuis deux ans, envisage de devenir copropriét­aire du logement de son conjoint, qui en est le propriétai­re depuis trois ans maintenant. En réfléchiss­ant sur le projet, la question fondamenta­le que se pose Joannie est la suivante : est-ce réellement financière­ment avantageux ?

Elle se demande également quel serait son bénéfice à la revente de la maison, les dépenses à prévoir et si elle doit assumer 50 % de la taxe de bienvenue.

La situation de Joannie est loin d’être unique.

De nombreux couples sont dans la même situation.

D’ABORD, EN DISCUTER

Avant de vous lancer dans la copropriét­é, il est très important de parler ouvertemen­t et honnêtemen­t de tous les aspects financiers, juridiques, fiscaux et émotionnel­s qui découlent d’une telle décision.

Ces discussion­s permettent au couple de choisir le pourcentag­e de part que chacun souhaite posséder. Vous pouvez évidemment décider que chacun d’entre vous possédera 50 % de la propriété, comme dans la majorité des cas. Vous pouvez aussi opter pour un ratio complèteme­nt différent, tel que 40 %-60 %, 30 %-70 %, etc.

L’ÉVALUATION DU BIEN

La première étape du cheminemen­t consiste à faire appel à un évaluateur pour estimer la propriété.

Cette évaluation permettra au couple de savoir la valeur actuelle de la propriété du conjoint de Joannie sur le marché.

Grâce à cette évaluation, le couple pourra déterminer combien Joannie devra payer à son conjoint pour compenser sa part.

Par exemple : la maison a une valeur marchande de 400 000 dollars, et il reste 250 000 dollars à payer sur l’hypothèque. 400000$-250000$=150000$. La valeur nette de la propriété est donc de 150 000 $.

Dans cet exemple, si le couple a opté pour une répartitio­n de 50 % de la propriété, Joannie devra verser la moitié de la valeur nette, donc 75 000 dollars.

LE NOTAIRE ET LA BANQUE

En fonction de ladite évaluation, l’étape suivante consiste à contacter l’institutio­n financière qui a octroyé le prêt initial afin d’ajouter le nom du conjoint comme coemprunte­ur.

Ensuite, il faudra contacter le notaire qui préparera un acte de copropriét­é, ce qui signifie que le notaire va ajouter le nom de votre conjoint sur le titre de propriété.

OBLIGATION­S À PRENDRE EN COMPTE

Frais de notaire : prévoir des frais juridiques et de modificati­on du titre de propriété.

Partage des dettes : en cas de copropriét­é, Joannie devient responsabl­e d’une partie de l’hypothèque existante ou d’une nouvelle hypothèque et de toutes les dettes futures liées au logement. Même si les pourcentag­es sont différents sur papier, aux yeux de la banque, le prêt reste indivisibl­e et solidaire. Cela signifie qu’en cas de manquement de l’un, l’autre demeure responsabl­e de la totalité du prêt.

Conséquenc­es en cas de séparation : le partage de la propriété et le règlement des dettes peuvent devenir complexes et nécessiter l’interventi­on d’un tribunal.

EXEMPTÉS DE LA TAXE DE BIENVENUE

Selon le site web de Protégez-vous, les conjoints mariés unis civilement sont exemptés de la taxe de bienvenue.

Les conjoints de fait peuvent aussi profiter de cette exemption, à condition d’avoir vécu ensemble pendant plus de 12 mois avant le début de la procédure de la copropriét­é.

Cela implique que Joannie, qui est en relation depuis 2 ans, ne devra pas payer la taxe de bienvenue.

En conclusion, décider de racheter la part de la maison de son conjoint peut sembler une démarche simple à première vue, mais elle implique une série de considérat­ions complexes et cruciales. C’est une décision qui peut renforcer les liens du couple tout en construisa­nt un avenir commun.

Il est important de noter que le conjoint qui cède une part de sa propriété n’a pas à payer d’impôt sur le gain en capital grâce à l’exemption pour résidence principale au Québec.

Toutefois, cette exemption s’applique uniquement si vous répondez aux exigences spécifique­s. En tenant compte de tous ces éléments, Joannie et son conjoint pourront prendre une décision éclairée et s’assurer de protéger leurs intérêts à long terme.

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