Coupable d’un coup de poing fatal
Le client du cabaret de danseuses nues ne s’est jamais relevé après l’assaut
Une ex-importatrice de cocaïne n’a pas convaincu un jury que le coup de poing fatal asséné à un client intoxiqué à la sortie du bar d’effeuilleuses où elle travaillait comme serveuse était de la légitime défense, elle qui a plutôt été reconnue coupable d’homicide involontaire.
Après moins de quatre jours de délibération, les jurés ont rendu leur verdict dans le dossier d’Ariane Desgroseillers-Lafrance.
« Coupable d’homicide involontaire », a laissé tomber hier matin le président du jury au palais de justice de Longueuil.
En juin 2022, Pierre Landry s’était rendu au bar de danseuses nues Le Vegas, à Longueuil. L’homme âgé de 70 ans semblait déjà intoxiqué à son arrivée vers 23 h. Il a consommé 11 bières pendant la soirée.
« En fin de soirée, il était encore festif, mais il était plus chambranlant, il avait tendance à se retenir pour ne pas tomber », avait témoigné au procès Alexa Constantino-Brisindi, qui était à l’époque barmaid.
Aucune interaction entre Ariane Desgroseillers-Lafrance et la victime n’a eu lieu au cours de la soirée, a-t-elle confirmé. Puis vers 3 h du matin, M. Landry a emprunté une sortie de secours le menant dans le stationnement où était garé le véhicule de l’accusée.
TÊTE PREMIÈRE
Les images des caméras de surveillance montraient M. Landry se promenant entre les véhicules, y prenant appui pour maintenir son équilibre. La serveuse est sortie du bar et a constaté la présence du septuagénaire. Elle s’est ensuite assise dans sa propre voiture.
Quelques secondes plus tard, elle est sortie de son véhicule et a asséné un coup à l’oeil gauche du client intoxiqué. Il est tombé ensuite en se cognant violemment la tête. Son décès a été prononcé deux jours après.
Ariane Desgroseillers-Lafrance a ellemême appelé le 911.
« Le gars vient se mettre entre les deux chars. [...] J’ai crié : “Touche pas à mon char, rentre pas dans mon char”. », ditelle dans l’enregistrement que le jury a entendu.
« Je suis sortie, je suis arrivée, j’ai fait paf ! Mais l’affaire, c’est qu’il est tombé tête première », a-t-elle poursuivi.
182 KILOS DE COKE
La femme de 33 ans admettait avoir donné le coup de poing fatal.
Mais elle a aussi fait valoir lors de son témoignage à son procès qu’il s’agissait de légitime défense. Une version que le jury n’a visiblement pas retenue.
« Elle n’avait pas l’intention de le tuer quand elle a donné son coup de poing. Mais, le verdict montre que l’on peut avoir à payer cher la facture de graves conséquences survenues après un geste illégal, même si on ne les a pas souhaitées », a commenté le procureur de la Couronne, Me Julien Tardif.
Desgroseillers-Lafrance n’en est pas à ses premiers démêlés avec la justice. En 2017, elle avait écopé de quatre ans de détention après avoir traversé la frontière avec 182 kilos de cocaïne dans sa voiture.
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