La violence à l’école continue
La prise de conscience semble bien réelle dans le milieu, mais ça risque de prendre du temps à régler
Les incidents violents survenus dans les écoles du grand Montréal ne semblent pas s’être essoufflés cette année, même si l’on semble assister à une « réelle prise de conscience sociale ».
« On sent que les gens, autant le politique que les directions sont plus sensibilisés au problème de la violence dans les écoles, lance Éric Gingras, président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ). C’est vraiment l’année de la prise de conscience. »
Selon les syndicats sondés, qui n’ont toutefois pas encore de chiffres entre les mains, il ne semble pas y avoir eu de diminution des événements violents depuis septembre. Au contraire, une hausse est plutôt anticipée.
Seulement en recensant les événements qui ont fait l’objet d’une couverture médiatique, on dénombre au moins une quinzaine d’incidents violents survenus depuis le début de l’année scolaire aux abords d’écoles du grand Montréal.
Le plus récent remonte à lundi, alors qu’un ado de 12 ans en a poignardé un autre de 17 ans pour une banale chicane de vélo aux abords de l’école Calixa-Lavallée, dans Montréal-Nord.
«ON NE GAGNERA PAS DE PRIX AVEC ÇA»
Le porte-parole de la centrale syndicale salue certaines initiatives récentes prises par le gouvernement, comme l’instauration de la Journée nationale pour contrer la violence scolaire.
« Mais on ne gagnera pas de prix avec ça, dit le président de la CSQ. Il faut maintenant embrayer et prendre des actions concrètes, comme rendre obligatoire le respect du code de vie de l’école. Toutes les écoles en ont un, mais personne ne l’applique. »
Initialement prévues pour la rentrée 2024, les formations pour les élèves sur la violence à l’école ne seront offertes que l’année prochaine. En mai, le ministre Bernard Drainville a indiqué qu’elles dureraient 7 h pour le primaire et 9 h pour le secondaire.
« La violence est un phénomène complexe avec des causes multiples. Si le ministre espère régler le problème avec une poignée de formations offertes aux élèves, on n’est pas sorti du bois », croit toutefois Sylvie Zielonka, présidente du Syndicat de l’enseignement de la Pointe-de-l’Île (SEPÎ).
RÉALITÉ MONTRÉALAISE
Pour l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal, il faudra plus d’efforts, en particulier dans la métropole. La pénurie de personnel, notamment chez les enseignants, mais aussi le personnel professionnel comme les psychologues, est un enjeu primordial, croit-elle.
« On doit composer avec des élèves qui arrivent avec toutes sortes de bagages, dit la présidente Catherine Beauvais-St-Pierre. On a des réfugiés, des gens qui habitent dans des milieux défavorisés et plusieurs enfants qui entrent à l’école sans être passés par une garderie ou un CPE, et ça, ça paraît énormément. »
« C’est difficile pour un francophone éduqué d’avoir accès à des services, comme un psychologue, alors imaginez un parent qui a une barrière de langue ou qui arrive d’un pays en guerre », ajoute-t-elle.