Avocat radié pour de la facturation bidon
L’homme de Sorel-Tracy assure qu’il va rebondir malgré tout
Un Montérégie radié avocat du Barreau de a la été pour une période de deux mois pour avoir abrité illégitimement dans son compte en fidéicommis un montant de 173 000 $ au bénéfice d’un client, contre une compensation de 4000 $.
« Je savais que je commettais une infraction professionnelle », a admis vendredi dernier Me Yanick Péloquin, avant que le Conseil de discipline du Barreau du Québec ne rende ses sanctions. L’avocat de 51 ans a aussi écopé d’une amende de 2500 $ après avoir reconnu qu’il avait enfreint le code de déontologie des avocats et détenu une somme d’argent dans son compte en fidéicommis (privilège accordé aux avocats) qui n’était pas rattachée à un mandat légitime.
FACTURE BIDON
En avril 2022, soit moins d’un an après le début de sa pratique, Yanick Péloquin y a dépo173 sé 000 $ provenant d’une facture bidon, qui allaient ensuite être versés à un promoteur immobilier dont on doit taire l’identité, en vertu d’une ordonnance du Conseil, sous le motif du respect du secret professionnel. Le résident de Saint-Joseph-de-Sorel devait alors recevoir une commission de 4000 $.
Or, alors qu’il n’avait même pas encore viré la totalité de la rondelette somme, celui qui se dit « avocat du peuple » s’est fait pincer lors d’une visite d’inspection professionnelle, en juin 2023.
Rapidement, l’incongruité économique a été décelée puis soumise au syndic du Barreau.
« Un avocat qui prépare un faux document commet une infraction objectivement très grave. Il s’agit d’un grand manque d’intégrité », a commenté Me Daniel Gagnon, syndic adjoint du Barreau.
« Il est difficile encore aujourd’hui de savoir ce à quoi a servi cette fausse facture, s’interroge Daniel Gagnon. On ne connaît pas tout ce qui se cache derrière cette manoeuvre, dont l’idée semble de Monsieur [X]. »
Celui-ci a notamment déploré la durée de l’infraction, soit près de deux ans. Un virement final a été effectué en mars dernier, contenant le remboursement de la compensation.
INSTRUMENTALISÉ
Selon le syndic adjoint, Péloquin aurait possiblement « été instrumentalisé par une personne d’expérience qui a peut-être profité de sa vulnérabilité », lui qui était jeune avocat.
« Tout ça pour l’amener dans un chemin qu’il n’aurait jamais dû emprunter », a-t-il précisé, indiquant que ces gestes portaient ombrage à la profession.
De son côté, l’avocat repentant s’est ouvert sur sa motivation à agir pour celui qu’il considère comme un mentor.
« Avant, j’étais concierge dans des fast-food, la nuit. Quand je suis devenu avocat, j’étais très fier, mais j’avais toujours un syndrome d’imposteur. J’avais besoin parfois de booster mon estime. »
FINI LA MOPPE
Donc, quand son client l’a approché pour des dossiers impliquant « de la grosse argent [sic] », il s’est dit flatté, croyant enfin accomplir « quelque chose de gros ».
Par ailleurs, Yanick Péloquin a publié sur sa page Facebook qu’il prendrait « une sabbatique » de deux mois pour se ressourcer.
« Sorel-Tracy est une petite ville. Je suis marqué à jamais, ici, mais je vais rebondir, a-t-il affirmé. Je ne pense pas retrouver mon balai et ma moppe. »
Yanick Péloquin a notamment représenté Isaac Brouillard Lessard, avant son décès, qui avait tué la policière Maureen Breau, en mars 2023.