Le Journal de Montreal

Donald Trump et ses emmerdeuse­s

- Richard.latendress­e @quebecorme­dia.com

WASHINGTON | Les femmes ont monopolisé l’attention politique cette semaine aux États-Unis. Tout particuliè­rement dans l’entourage de Donald Trump. Il a eu beau se moquer d’elles, vouloir les discrédite­r ou simplement les ignorer, jour après jour, elles sont revenues le hanter.

À commencer par Stormy Daniels, l’actrice de film porno, dont le récit d’une mésaventur­e d’un soir est, à lui seul, responsabl­e du relâchemen­t de la campagne présidenti­elle de Trump.

Il fallait le voir et l’entendre se plaindre matin et soir, à l’entrée et à la sortie du tribunal, qu’il devrait être partout ailleurs au pays à s’adresser aux électeurs plutôt qu’assis dans une salle de cour pour saisir toute sa rage de n’être, à cause d’elle, qu’un simple citoyen devant la justice.

EN ROBE DE CHAMBRE DE SATIN

Le témoignage de l’actrice – qui avait 27 ans et lui 60 quand ils se sont rencontrés dans un tournoi de golf en 2006 – a retiré une couche de vernis de plus à sa gloriole présidenti­elle.

Donald Trump l’avait invitée à souper et même s’il se comportait en grossier personnage, ils avaient flirté ensemble. Même une « porn star » a toutefois des principes ; l’interrogea­nt sur son épouse – il avait marié Melania l’année précédente et elle avait accouché de leur fils, Barron, quatre mois plus tôt – il aurait répondu : « Ne t’en fais pas ; nous ne partageons même pas la même chambre ».

Tout le reste est du même mauvais goût et fait grincer des dents : l’immense chambre d’hôtel où il l’attendait en pyjama de satin, à la Hugh Hefner, l’inénarrabl­e éditeur de Playboy ; elle, sortant de la salle de bain et découvrant le sexagénair­e dénudé sur le lit ; puis leur relation sexuelle… assez banale, selon elle.

Ce n’était pas son but – Stormy Daniels insiste, elle ne fait pas de politique –, mais son témoignage a ramené le candidat républicai­n au niveau de simple amant d’un soir. Et mauvais, à part de ça.

HANTÉ PAR UNE RIVALE FANTÔME

Nikki Haley, l’ancienne gouverneur­e de Caroline du Sud, ne fait plus campagne pour l’investitur­e du parti républicai­n depuis le 6 mars. Pourtant, deux mois plus tard, elle a récolté plus d’un vote sur cinq lors de la primaire de l’Indiana mardi dernier.

Celle que Trump lui-même avait nommée ambassadri­ce à l’ONU résiste toujours à soutenir son ancien patron. Comme elle affirme vouloir continuer à jouer un rôle au sein du parti républicai­n, son ralliement devrait survenir quelque part avant la convention du parti à la mi-juillet.

Entre-temps, elle expose une faille immense sur la route de Trump vers la Maison-Blanche. Haley persiste, même en ne livrant plus bataille, à recevoir l’appui de dizaines de milliers d’électeurs d’un État à l’autre : près de 20 % des voix en Arizona, c’est-àdire 110 966 votes ; 76 841 votes dans le Wisconsin ; 77 902 en Géorgie.

Ce sont des États que Joe Biden a remportés par des fractions de pourcentag­e : 0,63 % dans le Wisconsin ; 0,3 % en Arizona ; 0,23 % en Géorgie.

L’équipe de Trump est persuadée que les partisans de Nikki Haley ne se rangeront pas tous derrière Joe Biden. Sûrement pas tous. Mais le candidat démocrate n’a pas besoin de la moitié de ce vote de rejet de son adversaire : à voir les minces écarts de 2020, un sur cinq suffira.

Donald Trump continue d’ignorer Haley et ses électeurs. C’est un autre cauchemar qui risque de le hanter le soir de l’élection présidenti­elle.

ABATTRE SON CHIEN... ET SON AVENIR POLITIQUE

Donald Trump exige une loyauté aveugle de son entourage. Et c’est le type d’abandon qu’avait consenti la gouverneur­e du Dakota du Sud, Kristi Noem, dans l’espoir à peine masqué d’être choisie comme colistière. Noem est plutôt devenue, à la fois, la risée et la honte de l’Amérique.

Elle a, de son propre aveu – c’est écrit noir sur blanc dans sa biographie –, abattu son jeune chien Cricket parce qu’il se comportait mal et avait tué des poulets. En quelques heures cette semaine, l’avenir politique de Kristi Noem est allé se fracasser sur la relation passionnée que les Américains entretienn­ent avec leurs chiens.

Donald Trump n’a jamais rien promis à Noem pour sa dévotion entière, mais trouvait qu’elle avait du chien… Aussi mal juger un caractère, ça risque, ça aussi, de lui coller à la peau.

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PHOTO AFP En la nommant ambassadri­ce à l’ONU, Donald Trump n’avait que de bons mots pour Nikki Haley en 2016. Comme les temps ont changé ! (Photo datant de 2018)
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PHOTOS D’ARCHIVES, AFP Tout pour plaire à Donald Trump : le look, le style, le ton. Kristi Noem s’imaginait, jusqu’à récemment, devenir sa vice-présidente.
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PHOTO D’ARCHIVES Donald Trump et Stormy Daniels se sont rencontrés à Lake Tahoe au Nevada en 2006. Elle avait 27 ans, lui, 60.

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