Francis Drouin a raison, c’est « pas mal extrémiste »
Mais il a raison !
Le député libéral franco-ontarien Francis Drouin a raison. Je le dis sans ironie. Ou presque.
Il est assez juste avec l’utilisation du mot « extrémiste » lorsqu’il a fait face aux chiffres liant la fréquentation des cégeps et universités anglophones et l’anglicisation de Montréal.
Revenons-y.
À Ottawa cette semaine, le député Francis Drouin a injurié un chercheur et un professeur en les traitant d’« extrémistes » et « plein de marde ». Ces derniers ne faisaient que rappeler qu’il existait un lien puissant entre l’anglicisation de Montréal et le poids des cégeps et universités anglophones.
Si on exclut son élégant « plein de marde », sa réaction de stupeur contenait une part de vérité : c’est vrai que la situation actuelle est « pas mal extrémiste ».
LES FAITS « EXTRÊMES »
Convenons d’abord que pour une société fragile sur le plan linguistique, on peut dire que le déséquilibre entre les réseaux francophones et anglophones postsecondaires relève de l’« extrême ».
Le cégep le plus fréquenté au Québec est le cégep Dawson, anglophone. La majorité des étudiants dans les cégeps anglos ne sont pas des anglophones, mais des jeunes francophones et allophones.
Ces cégeps, submergés par les demandes d’admission, se transforment en cégeps d’élite, dévaluant les cégeps francos du même coup, tout en devenant une rampe de lancement vers l’université anglophone. Contraire à l’esprit de la loi 101.
À l’université, ce n’est guère mieux : après un réseau collégial les poussant vers les universités anglos, ces derniers bénéficient d’un avantage, surtout financier, sur les universités francophones, ce qui accentue une anglicisation culturelle et au travail des jeunes.
Appelons ça un cercle vicieux « pas mal extrémiste ».
LA DÉFENSE
À cela, M. Drouin a répondu par l’insulte. Le ministre des Langues officielles, Randy Boissonneault, a plutôt opté pour la comparaison : « Je ne pense pas parce que quand on a des francophones qui étudient en Alberta [...] ça n’a pas francisé la province de l’Alberta. »
Que l’ultime responsable des Langues officielles affirme une telle bêtise, c’est quelque chose d’extrêmement ridicule.