Le Journal de Montreal

Des émeutiers maintenant candidats

Après avoir pris d’assaut le Capitole, des partisans de Donald Trump veulent maintenant s’y faire élire

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WASHINGTON | (AFP) Des manifestan­ts qui ont participé à l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021 tentent maintenant d’y siéger.

Ils sont près d’une dizaine de partout aux États-Unis à briguer un mandat électoral en 2024, après avoir pris part à cet événement qui a ébranlé la démocratie américaine.

Le Capitole, siège du Congrès américain, avait été envahi, il y a trois ans, par des partisans de Donald Trump afin de tenter d’y empêcher la certificat­ion de la victoire de son adversaire démocrate, Joe Biden. Le président républicai­n répétait alors à l’envi, sans preuve, que l’élection lui avait été « volée ».

Ce jour-là, Derrick Evans, qui est alors élu de l’assemblée de l’État de VirginieOc­cidentale, se filme — casque sur la tête — entrant dans le bâtiment du Congrès et scandant « Liberté ! ».

Des actes qui amèneront ce trentenair­e à être poursuivi pour troubles à l’ordre public et condamné à trois mois de prison après avoir plaidé coupable.

Aujourd’hui candidat aux primaires républicai­nes de Virginie-Occidental­e, État minier et très conservate­ur de l’est du pays, Derrick Evans a fait de l’événement une pièce maîtresse de sa campagne.

En arrivant sur son site, la couleur est ainsi annoncée d’emblée : « Prisonnier du 6 janvier candidat au Congrès ». Tout comme sur sa page de collecte de fonds : « Quand je siégerai au Congrès, nous inverseron­s les rôles et les chasseurs deviendron­t les chassés. »

« PRISONNIER POLITIQUE »

Lors d’une entrevue avec l’AFP, le candidat n’hésite pas à se décrire comme un « prisonnier politique ».

« L’État de l’ombre est venu chez moi et m’a arraché des bras de ma femme et de mes quatre enfants », affirme cet investisse­ur en immobilier en référence à la théorie du complot qu’il existerait une administra­tion souterrain­e détenant le pouvoir décisionne­l sur la société américaine.

Derrick Evans n’est pas le seul à utiliser l’assaut du Capitole comme argument de campagne. Candidat aux primaires républicai­nes du New Hampshire pour un poste au Congrès, Jason Riddle affirme être « un prisonnier politique du 6 janvier », « récemment libéré et avec un message d’espoir ».

Donald Trump lui-même en a fait un élément central dans sa tentative de retourner à la Maison-Blanche, promettant notamment d’amnistier certains de ses partisans emprisonné­s s’il revenait au pouvoir.

Comme un moyen de se réappropri­er l’événement dans le but de dénoncer une « persécutio­n politique ».

Lorsque l’on demande à Derrick Evans pourquoi il a choisi de mettre en avant son implicatio­n dans l’assaut du Capitole, il répond : « Ce n’est pas moi [qui l’ai choisi]. Ce sont les médias fake news ».

« J’avais deux options », ajoute-t-il, « je pouvais soit éviter le sujet, soit m’en emparer ; j’ai choisi de m’en emparer ».

Par ailleurs, l’État de l’Arizona a inculpé 18 personnes dans le cadre d’une tentative d’inverser les résultats de l’élection présidenti­elle de 2020 en faveur de Donald Trump, a déclaré hier le procureur général de l’État.

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PHOTO D’ARCHIVES, AFP Des partisans de l’ex-président américain Donald Trump ont pris d’assaut le Capitole le 6 janvier 2021, à Washington.

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