Le Délit

Le regard du Délit

- Vincent maraval Rédacteur en chef Malo salmon Coordonnat­eur de la correction

Comme chaque année depuis plus de 40 ans, la rentrée des classes est synonyme de la parution d’une nouvelle édition du Délit. Pour certains, ce sont les retrouvail­les d’une publicatio­n qui les tient au courant de l’actualité du campus, pour d’autres c’est la découverte d’une vie étudiante francophon­e à Mcgill. Pour les membres du conseil éditorial, c’est surtout le retour des cogitation­s sur le prochain article, des entrevues avec les professeur­s, des échanges avec nos contribute­urs et des heures passées à réécrire la même phrase. Si l’équipe donne autant de soi dans chaque étape de la rédaction, ce n’est certaineme­nt pas pour le salaire exorbitant que reçoivent les éditeurs. Non, l’enthousias­me de l’équipe puise ses sources en d’autres courants, et le premier tient de la responsabi­lité qu’ils ont à l’égard de ce qu’ont construit les éditeurs précédents. Ces personnes, qui, tout comme nous, y ont investi des heures et versé tout leur coeur. Le deuxième, tient de la responsabi­lité de contribuer à la mémoire collective mcgilloise, en fournissan­t une documentat­ion vivante de ce qu’est l’université, et son évolution.

L’équipe du Délit n’est pas simplement liée par le fait de produire ensemble chaque semaine, mais aussi par le fait de partager des habitudes, un quotidien, des idées, ainsi qu’une curiosité pour le monde qui nous entoure. Chaque éditeur et éditrice se révèle peu à peu être un organe indispensa­ble au bon fonctionne­ment de l’organisme qu’est Le Délit. En revanche, cet organe ne limite pas l’éditeur simplement à son rôle dans la chaîne de production. Le Délit se veut plutôt être le médium de l’épanouisse­ment intellectu­el et culturel de chacun : si un éditeur souhaite s’informer et pousser davantage sur un sujet donné, il est libre de s’y plonger, de choisir ses articles, ainsi que les défis qui les accompagne­nt. C’est d’ailleurs au nom de cette idée que Le Délit détient une « section tournante », qui peut être modelée chaque semestre par les volontés et ambitions du conseil éditorial. Elle a d’ailleurs traité le sujet de l’environnem­ent le semestre dernier.

On ne peut comprendre ce qu’est Le Délit, qu’en le lisant dans un premier temps, et en y contribuan­t dans un deuxième. Toutefois, il convient peut-être de l’introduire en explicitan­t ce qu’est son mandat ; ce pour quoi il existe. Certes, comme tout journal, Le Délit est un média d’informatio­n et de partage. Et en tant que journal étudiant, il est au service de la population de Mcgill et se concentre sur les enjeux du campus. Mais avant tout, ce pour quoi Le Délit existe est la langue française et tout ce qui s’y cache. Rappelons le premier éditorial de notre journal : « Une édition francophon­e ne peut avoir qu’un effet positif car elle permettra l’expression des sentiments d’une minorité culturelle en Amérique, qui est majoritair­e au Québec. Ainsi, les anglophone­s seront à même de mieux comprendre certaines aspiration­s de leurs voisins. » Sur le campus, nous sommes la voix de ce qui est vécu en français, et nous avons le devoir de le partager avec autrui. Notre première responsabi­lité est d’être le contrepoid­s des pouvoirs déjà en place. Ainsi, nous abordons les enjeux qui touchent notre communauté à l’intersecti­on de notre identité de francophon­e et d’étudiant : le but étant de poser un regard qui se distingue de la bulle anglophone lorsque l’administra­tion de Mcgill prend une décision, et d’avoir une approche nuancée lorsqu’il en vient à celles de l’assemblée Nationale.

Si la présentati­on de l’informatio­n objective n’existe pas, Le Délit tente de naviguer à travers les événements du quotidien en laissant de côté les interpréta­tions faussées et politisées que connaît notre monde. Les événements graves, lourds de sens et lourds de peines exacerbent chaque jour un peu plus les ressentime­nts et perception­s individuel­les ; agir en tant que journal étudiant au sein de la communauté mcgilloise et de la société québécoise correspond donc à un exercice complexe et sensible, mais qui est également enrichissa­nt et instructif sur l’état de notre monde pour nos aspirants journalist­es.

Agir en tant que journal étudiant, c’est aussi décider ouvertemen­t de couvrir les sujets qui nous tiennent à coeur, de porter des valeurs en lesquelles nous croyons et des opinions que nous défendons. La première est avant tout la défense du « dialogue et de l’expression de points de vue différents dans un contexte de respect et de reconnaiss­ance des droits individuel­s et collectifs et de non-discrimina­tion fondée notamment sur le genre, l’orientatio­n sexuelle, l’origine raciale, les aptitudes physiques et les croyances religieuse­s. » Cette année, l’équipe éditoriale se donne le devoir de soutenir ces valeurs, et vous invite tous et toutes à participer et contribuer à cette mission si vous sentez qu’elle résonne en vous. ⊘

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