La Liberté

Une première prise de pouls

- OPHÉLIE DOIREAU odoireau@la-liberte.ca Initiative de journalism­e local Réseau.presse-la LIBERTÉ

L’institut de sondage manitobain Probe Research a publié un sondage fin mars au sujet des intentions de vote des Manitobain­s pour les prochaines élections fédérales. Les Conservate­urs gagnent du terrain, mais quelques surprises ressortent tout de même de ce sondage.

Bien qu’aucune date ne soit encore connue pour les prochaines élections fédérales, Probe Research a sondé, à la demande du Winnipeg Free Press, un échantillo­n de 1 000 Manitobain­s entre le 5 et 18 mars 2024. La marge d’erreur est de plus au moins 3,1 points de pourcentag­e. Les sondés ont été recrutés au hasard par l’intermédia­ire d’un agent en direct, par l’intermédia­ire d’une réponse vocale interactiv­e et certains ont répondu en ligne.

Le Manitoba semble suivre la même tendance que le reste du Canada c’est-à-dire que les Conservate­urs sont en tête des sondages avec 47 % des intentions de vote, si une élection fédérale avait lieu demain. Ce sont huit points supplément­aires qu’aux élections de 2021. Cependant, Mary Agnes Welch, directrice de Probe Research, remarque que « d’abord, dans l’ensemble, les Conservate­urs ne réussissen­t pas aussi bien à Winnipeg qu’on aurait pu s’y attendre, compte tenu des résultats qu’ils obtiennent dans les sondages nationaux. » En effet, à Winnipeg, l’intention de vote pour les Conservate­urs reste à 38 % le même pourcentag­e qu’en 2021.

Mary Agnes Welch a aussi pu constater un changement d’intention de vote de la part des électeurs libéraux. « Beaucoup d’électeurs libéraux sont peut-être en train de considérer de voter avec le NPD en ce moment surtout à Winnipeg. C’est quelque chose qui peut s’expliquer par le fait que les électeurs se sentent plus naturellem­ent alignés avec le NPD. Je pense que c’est une bonne surprise. Nous sommes encore un peu loin des élections fédérales alors ce changement pourrait ne pas durer. »

Un essoufflem­ent

C’est donc un essoufflem­ent naturel du gouverneme­nt actuel qui se transmet dans ces chiffres. Félix Mathieu, professeur adjoint au départemen­t de sciences politiques de l’université de Winnipeg, soutient qu’« il y a un épuisement du pouvoir. Justin Trudeau est au pouvoir depuis huit ans maintenant. Il est passé par trois élections. Pour toute personnali­té politique qui s’accroche au pouvoir aussi longtemps, il y a un essoufflem­ent qui se dégage.

« En 2015, Justin Trudeau avait la figure de quelqu’un qui allait changer la politique. Il y avait véritablem­ent un espoir. Il avait placé la barre extrêmemen­t haute sur beaucoup de sujets. Mais à travers le temps, il a sousperfor­mé. Il n’a pas gouverné à la hauteur des attentes qu’il avait lui-même mises de l’avant dans l’espace public que ce soit dans les changement­s climatique­s, la révision du mode de scrutin, etc. Alors ceux qui le soutenaien­t, pour des raisons idéologiqu­es, ont pu être déçus. »

Malgré tout, Mary Agnes Welch souligne que les mois peuvent être longs en politique. « Il faudra peut-être un peu plus de temps aux Manitobain­s pour décider de ce qu’ils pensent de la politique conservatr­ice de Poilievre. Je sens juste un peu d’hésitation dans ces chiffres. »

Félix Mathieu tient aussi à rappeler que « Pierre Poilievre critique beaucoup, mais ne propose pas grand-chose. Peut-être qu’au moment où il fera des propositio­ns concrètes, les gens ne seront peutêtre aussi satisfaits. Pour l’instant, c’est un excellent leader de l’opposition officielle, il faudra voir s’il est un excellent leader prêt à prend le pouvoir. »

Des circonscri­ptions à gagner

Cependant Mary Agnes Welch met en garde sur la complexité de Winnipeg qui représente à elle seule huit circonscri­ptions sur les 14 au Manitoba. « Il faut garder à l’esprit que dans ces circonscri­ptions de banlieue de Winnipeg, certaines pourraient devenir conservatr­ices lors des prochaines élections. Les Conservate­urs s’en sortent plutôt bien dans ces circonscri­ptions. Ils ont deux fois plus d’appuis que les Libéraux dans les banlieues éloignées, surtout dans le Sud.

« Je pense à Winnipegsu­d, qui est la circonscri­ption de Terry Duguid, c’est peutêtre une circonscri­ption qui pourrait tomber si les Conservate­urs parviennen­t à augmenter un peu leur nombre de voix à Winnipeg. »

D’après le sondage de Probe Research, plus on s’éloigne du centre-ville, plus les Conservate­urs gagnent du terrain. Dans les quartiers comme Saint-vital, Waverley West, North Kildonan, les Conservate­urs sont en tête dans les intentions de vote avec 45 %.

Bien que le Manitoba ne joue pas un rôle de province pivot, pour autant, Mary Agnes Welch soutient qu’elle peut être indicatric­e des votes. « C’est ce qui est intéressan­t au sujet du Manitoba, c’est que nous sommes tout à fait, très au centre. Nous aimons nos Conservate­urs, de centre droit avec un accent sur le centre. Et nous aimons nos Néodémocra­tes, centre gauche avec un accent sur le centre.

« Comme nous sommes très centristes, nous sommes parfois un très bon indicateur de la façon dont le pays pourrait évoluer. Et de ce que pourraient être certains de ces problèmes. »

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Photo : Marta Guerrero Félix Mathieu est professeur adjoint au départemen­t de sciences politiques de l’université de Winnipeg.
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Photo : Archives La Liberté Mary Agnes Welch est la directrice de Probe Research.
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