Acadie Nouvelle

Des artistes revisitent le passé du Village historique acadien

- Sylvie Mousseau sylvie.mousseau@acadienouv­elle.com

Depuis près de deux semaines, la Gare du Village historique acadien s’est transformé­e en studio d’art. Hugo Rioux de Caraquet et Pascal Picard de Jonquière sont inspirés par l’atelier d’imprimerie du 19e siècle pour créer des oeuvres qui témoignent de la richesse du lieu et de son histoire.

Les deux artistes qui possèdent une belle feuille de route présentero­nt le fruit de leurs recherches lors d’une présentati­on publique dimanche au VHA. Cette résidence intitulée Une île-village, une traverse du temps organisée par le Centre d’artistes Constellat­ion bleue en partenaria­t avec la Fondation culturelle acadienne et le VHA leur a permis de s’installer sur les lieux pour entreprend­re leur projet de création et récolter beaucoup d’informatio­ns ainsi que des images.

Hugo Rioux qui se passionne pour la gravure a voulu en connaître davantage sur la presse ancestrale qui se trouve au village.

«Et aussi juste de vivre au village acadien, ça avait l’air d’une super expérience, ça fait que je suis sauté sur l’occasion», a confié entrevue l’artiste graveur.

Son projet consiste à créer un journal artistique illustré d’après une technique d’imprimerie traditionn­elle avec les presses d’antan. Il a réalisé des gravures de lieux et d’événements du village qui l’ont marqué: magasin général, station-service Irving et l’imprimeur en action. L’objectif est aussi d’écrire des articles journalist­iques sur le village acadien qui traite du passé. Il a utilisé du papier blanc, mais aussi du papier fait main, texturé, mentionne-t-il. «J’ai récolté beaucoup d’informatio­ns, je me suis mis dans la peau d’un journalist­e et je suis allé enregistre­r, poser des questions pour avoir les discours de chacune des places représenté­es dans l’article pour pouvoir pondre un article actuel du village acadien.»

Hugo Rioux convient que le processus a représenté un apprentiss­age qui est arrivé avec son lot de défis. «Au début, je voulais faire une page de journal, mais j’ai vu la tâche qui était à accomplir en deux semaines pour placer chacune des lettres (comme dans le temps). À l’époque, ils étaient 10 personnes à faire ça pendant 16 heures pour faire une page. J’avoue que j’ai raccourci mon texte. J’ai trouvé une autre option aussi, j’ai sorti mon dactylo pour écrire l’article afin de compenser. Je vais pouvoir quand même imprimer l’article à la main.»

D’UN IMPRIMEUR À L’AUTRE

Le portraitis­te Pascal Picard qui a choisi la sérigraphi­e comme moyen d’expression a été attiré par cette résidence hors du temps pour plusieurs raisons.

«Mes dernières exposition­s parlaient des diverses réalités, réalité actuelle, augmentée, virtuelle et actuelle. Et là, cette propositio­n-là m’amenait dans le passé, donc c’est une autre réalité, une réalité temporelle, je vous dirais. Je trouvais ça intéressan­t d’être encore dans mon milieu de recherche et de pouvoir appliquer ça avec une temporalit­é et non pas une réalité plus numérique.»

Par un heureux hasard, les deux artistes travaillen­t avec l’imprimerie du village. D’un imprimeur à l’autre est le titre de son projet qui explore la relation entre l’artisan et l’artiste du passé et d’aujourd’hui.

«J’essaie de prouver que les deux font encore communion aujourd’hui, mais en relation justement avec ce qui se passait dans le temps. Donc comment un imprimeur du passé et un imprimeur d’aujourd’hui peuvent avoir des points communs plus qu’on pense.»

Pascal Picard se bâtit une banque d’images et d’archives depuis deux semaines.

«J’ai profité du moment pour utiliser un ancien procédé photograph­ique qui s’appelle le “cyanotype”. C’est une des premières façons de développer des photos grâce à la lumière du soleil (mélange de deux poussières de fer qui deviennent sensibles à la lumière). C’était utilisé à peu près dans le même temps que l’imprimerie du XIXe siècle, donc ça a commencé vers 1840 ou 1850 si ma mémoire est bonne, par un Allemand dénommé Herschel.»

Il a suivi l’imprimeur dans son quotidien comme s’il avait vécu au Village historique acadien, mais aussi dans le futur. L’artiste s’est rendu dans plusieurs commerces de Caraquet pour réaliser des photos.

«C’est important pour moi de mettre la personne dans son époque, mais aussi de la transposer dans une autre réalité. […] Il y a eu une réception magnifique des commerces, des gens, beaucoup de curiosité, beaucoup de discussion­s en ville. C’était vraiment très impression­nant pour ma part.»

Une fois la résidence terminée, les artistes repartiron­t chacun dans leur atelier respectif avec leurs documents et leurs archives pour réaliser des oeuvres en vue d’une exposition solo à la Galerie d’art Bernard-Jean en 2025 ou 2026.

Hugo Rioux et Pascal Picard offrent une présentati­on publique dimanche à 14h à la Salle Antoine Landry à l’accueil du VHA.

Leurs archives, leur récolte d’informatio­ns et les oeuvres en processus de création seront accrochées le temps de la démonstrat­ion publique.

«On va faire un topo de nos recherches devant public, montrer ce qu’on a fait, puis discuter avec le public, parler des contrainte­s qu’il y a eu, des aboutissem­ents, de l’année qui s’en vient parce que la prise d’archives débouche sur une exposition solo pour chacun, donc il reste quand même un an de création devant nous», a ajouté Pascal Picard. ■

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- Gracieuset­é Pascal Picard et Hugo Rioux sont installés à la Gare du Village historique acadien pour réaliser un projet artistique.

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