Acadie Nouvelle

Le mystère plane sur les finances du sanctuaire Sainte-Anne-du-Bocage

- Bernard Haché bernard.hache@acadienouv­elle.com

En juillet, un son de cloche inattendu a surpris les fidèles réunis lors de la neuvaine de Sainte-Anne-du-Bocage, à Caraquet. Toutefois, l’onde de choc n’est pas venue du clocher de la chapelle, mais d’un commentair­e du célébrant, Mgr Michel Proulx.

S’adressant à l’assistance, l’évêque de Bathurst a fait remarquer que si le diocèse ne trouvait pas les fonds requis pour des réparation­s qu’il faudra mener au sanctuaire, celuici pourrait fermer.

Quelques jours plus tard, de retour à Caraquet pour célébrer la messe de la sainte Anne, Mgr Proulx s’est montré plus rassurant quant à l’avenir du lieu religieux, lorsque l’Acadie Nouvelle l’a interviewé à ce propos.

La question ne va pas sans controvers­e. Vers 2017, la gestion du sanctuaire, assumée depuis des lustres par un comité composé de bénévoles qui résidaient tout près, fut brusquemen­t prise en main par l’évêque de l’époque, Mgr Daniel Jodoin.

Ce dernier, qui désirait accroître la vocation religieuse des lieux en y faisant entre autres célébrer des messes au quotidien, appela à cette fin un ecclésiast­ique français, le père Molinas, qui en deviendra le recteur.

Ces changement­s soudains ouvrirent la porte aux désaccords et provoquère­nt le départ du comité qui veillait jusqu’alors sur le sanctuaire.

Des lettres furent publiées et le monde apprit que les finances de l’endroit étaient solides, mais que la vocation nouvelle édictée par Mgr Jodoin allait imposer des charges supplément­aires. On peut aujourd’hui s’interroger sur l’état de la situation.

BIENTÔT DES RÉPONSES?

Rita Labrie, qui co-présidait le comité de gestion du sanctuaire quand Mgr Jodoin initia ses changement­s, a exprimé sa déception à l’Acadie Nouvelle la semaine dernière, après avoir appris que l’avenir était marqué par l’incertitud­e financière.

«Je trouve ça très triste, parce qu’avant la venue de Mgr Jodoin, le sanctuaire avait de l’argent en masse pour son entretien. Les gens du comité, on a travaillé là-dessus parce qu’on vieillissa­it, et on se disait: ‘‘À un moment donné, quand on ne sera plus là, au moins il y aura de l’argent pour l’entretenir’’. Mais une fois qu’on est partis, qu’ont-ils fait de cet argent? Je n’en ai aucune idée.»

Selon Mme Labrie, le sanctuaire, en 2017, détenait un compte approchant les 300 000$. Et la neuvaine, qui jouissait d’une popularité grandissan­te, rapportait jusqu’à 80 000$ par an en revenus bruts.

Aujourd’hui, un certain mystère plane sur l’état réel des finances, parce que les rapports annuels, depuis la pandémie, n’ont pas été rendus publics. Les intéressés restent sur leur faim.

«On n’a pas eu de rapport annuel l’automne passé, a ajouté l’ancienne co-présidente du comité. On aimerait savoir ce qui est advenu de tout l’argent qu’ils avaient. Qu’est-ce qu’ils ont dans les coffres? Quelles sont les dépenses?»

Les réponses devraient bientôt arriver, selon Émilienne Robichaud, l’ancienne trésorière du comité du sanctuaire, qui en a brièvement parlé à l’Acadie Nouvelle, lundi. Le père Régent Landry, le recteur actuel du sanctuaire, lui aurait annoncé que les états financiers des deux dernières années allaient être rendus publics à l’automne.

Mme Robichaud peine à croire que les finances du sanctuaire soient mal en point. Elle a fait remarquer que pendant les années de la pandémie, l’endroit était «plus ou moins ouvert», et depuis, aucune réparation majeure n’a été entreprise, hormis la petite chapelle. ■

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- Archives Le sanctuaire de Sainte-Anne-du-Bocage de Caraquet.

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