TRAÎNÉE DE SANG: SAUVÉ PAR SON SCÉNARIO
Médiocre à bien des égards, le suspense psychologique Traînée de sang (Blackwater Lane, disponible à la location) s’avère, à ma grande surprise, un divertissement plus que potable en raison de la qualité de son scénario.
Ce film de Jeff Celentano (l’ennuyeux The Hill) est adapté d’un roman à succès de B.A. Paris, une auteure franco-irlandaise dont les oeuvres sont souvent citées parmi les meilleurs vendeurs du New York Times et du Sunday Times.
Le film raconte l’histoire de Cass (Minka Kelly), une professeure de littérature, héritière d’un vaste manoir dans la campagne anglaise et mariée à un raffiné homme d’affaires (Dermot Mulroney, dans un rôle comme il en a joué des dizaines).
Un soir, après une petite fête entre collègues, Cass roule sur une longue route forestière, sous une pluie diluvienne, pour rentrer chez elle. En chemin, elle voit une voiture sur l’accotement. Cass, ralentit, jette un coup d’oeil, hésite, puis poursuit sa route.
Le lendemain, elle apprend dans les médias que la conductrice du véhicule qu’elle a croisée a été assassinée.
Obsédée par l’événement, Cass commence à avoir des trous de mémoire - comme sa mère avant elle. Elle est aussi victime d’hallucinations, entend des bruits étranges et reçoit des appels anonymes.
La jeune femme, qui a eu des pépins de santé mentale trois ans plus tôt, est-elle en train de perdre la tête?
Mes attentes étaient au ras du plancher envers ce petit thriller qui a été lancé directement en ligne (ce qui n’est jamais de bon augure). D’autant plus que dans l’avalanche de films adaptés de polars à succès ces dernières années, bien peu sont parvenus à s’élever au-dessus de la masse - n’est pas Gone Girl (2014) qui veut.
Ceci est sans compter que les deux vedettes principales, Kelly et Maggie Grace, ont pratiquement disparu de la carte depuis une décennie après avoir connu la gloire au début des années 2000 - la première dans la série Friday Night Light, la seconde dans Lost.
Au final, le jeu des comédiens est au niveau attendu, c’est-à-dire pas très haut. Individuellement, Kelly et Grace ne remporteront jamais de prix d’interprétation, mais leurs interactions sont pénibles et nous offrent quelques moments gênants de médiocrité.
Le film de Celentano n’est pas non plus très artistique. Les angles de caméra et les cadrages sont banaux et ne détoneraient pas dans un feuilleton d’après-midi.
Heureusement, le scénario de B.A. Paris, peaufiné par Elizabeth Fowler, sauve la mise. Et pas qu’un peu.
Dans ce genre de film, le récit a très souvent tendance à prendre des raccourcis douteux afin d’attirer notre attention dans une direction alors que les réponses sont de l’autre côté. Pas Traînée de sang. L’intrigue se tient admirablement bien.
Les plus allumés devineront probablement rapidement ce qui est à l’origine des problèmes psychologiques de Cass. Reste que la conclusion est très satisfaisante pour un film qui, autrement, manque énormément d’étoffe. ■
SCÉNARIO QUALITÉS VISUELLES JEU DE COMÉDIENS ORIGINALITÉ DIVERTISSEMENT