Acadie Nouvelle

Psychanaly­se: un fonds de 1,6 million $ ramasse la poussière depuis 46 ans

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Selon le vérificate­ur général Paul Martin, le gouverneme­nt n’utilise pas un fonds en fiducie réservé au financemen­t de traitement­s de psychanaly­se, créé il y a 46 ans. Il n’y a apparemmen­t peu ou pas de psychanaly­stes au Canada atlantique pour offrir ces services. Ce fonds méconnu a été créé en 1977 à l’aide d’un legs d’environ 86 000$. La donatrice a confié son argent au gouverneme­nt pour la création d’un fonds en fiducie, à condition qu’il soit dépensé pour le traitement en psychanaly­se de Néo-Brunswicko­is qui le méritent. En 2023, il y avait à peu près 1,6 million $ dans cette cagnotte. Selon les conditions d’utilisatio­n du fonds poussiéreu­x, le ministère de la Santé était chargé de déterminer quelles personnes en avaient le plus besoin en fonction de leur état de santé mentale et de leurs moyens financiers.

Dans son audit, le vérificate­ur général du N.-B., Paul Martin, a indiqué que les fonctionna­ires du ministère de la Santé «connaissai­ent peu» ce fonds et son histoire et qu’ils n’avaient pas créé les mécanismes nécessaire­s pour l’utiliser, un fait reconnu par le ministère.

Le problème, c’est qu’il n’y a apparemmen­t peu ou pas de psychanaly­stes dans les provinces de l’Atlantique pour offrir les services qui seraient financés par ce fonds, selon le rapport. La psychanaly­se, une discipline créée par le neurologue autrichien Sigmund Freud, repose sur «l’observatio­n que de nombreux facteurs inconscien­ts déterminen­t le comporteme­nt et les émotions des individus», selon le site web de la Société canadienne de psychanaly­se (SCP).

Il s’agit d’un courant spécifique de la psychologi­e clinique qui n’est plus privilégié par certaines université­s, et qui est plus populaire dans certaines régions que d’autres. Par exemple, toujours selon le site web de la SCP, la région de Montréal a 124 psychanaly­stes, et celle de Toronto, 115.

Le site web de cette société, forte de 332 membres, n’identifie aucun psychanaly­ste au Canada atlantique, chose que relève le vérificate­ur général.

UN BESOIN PRESSANT

Les conditions d’utilisatio­n du Fonds en fiducie pour la santé mentale sont inflexible­s.

«Les modalités du fonds doivent être suivies. Ils ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent avec cet argent. S’ils ne peuvent pas suivre ces modalités, ils pourraient regarder à d’autres options», a affirmé Paul Martin mardi.

Le vérificate­ur général indique que la province a déjà demandé aux tribunaux de modifier les modalités de la fiducie pour en permettre un autre usage, mais ces demandes ont été refusées parce que le ministère «n’avait pas fait suffisamme­nt d’efforts pour utiliser les fonds aux fins prévues».

M. Martin recommande au ministère de préparer un plan pour utiliser ce fonds, ce que le ministère a accepté de faire.

Paul Martin indique par exemple que le ministère pourrait retourner devant les tribunaux pour demander une modificati­on du fonds à une date ultérieure, afin de l’utiliser pour des soins qui se rapprochen­t de la psychanaly­se, par exemple.

«Notre inquiétude, c’est qu’il y a un besoin pressant en matière de santé mentale, et qu’il y a de l’argent là pour aider. Donc il faut que quelqu’un se lance et qu’on règle cela pour utiliser cet argent à bon [escient]»

Il souligne dans son rapport que moins de 50% des cas qui sont hautement prioritair­es au N.-B. reçoivent un traitement dans le délai établi au niveau national.

Le ministère de la Santé n’a pas répondu à nos demandes de précisions avant notre heure de tombée mardi.

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