Acadie Nouvelle

Contrats d’infirmière­s itinérante­s: des prix «prédateurs», selon le ministre Fitch

Le ministre de la Santé, Bruce Fitch, affirme qu’une entreprise d’infirmière­s itinérante­s a profité de la situation vulnérable du N.-B. pour conclure des ententes défavorabl­es avec des organismes publics, qui ont dû payer des prix «prédateurs».

- Alexandre Boudreau alexandre.boudreau@acadienouv­elle.com

Les contrats entre des agences d’infirmière­s itinérante­s et des organismes publics tels que les réseaux de santé et le ministère du Développem­ent social continuent de provoquer des débats à l’Assemblée.

Trois de ces contrats lient Vitalité à l’entreprise Canadian Health Labs. Ces ententes ont notamment obligé Vitalité à débourser des fonds pour rémunérer un nombre minimal d’infirmière­s privées, même lorsque le réseau n’en avait pas besoin, selon un rapport du vérificate­ur général Paul Martin dévoilé mardi. Le ministère du Développem­ent social a également conclu une entente avec CHL qui comprenait un modèle de facturatio­n semblable.

Une journalist­e a demandé au ministre de la Santé, Bruce Fitch, s’il croit que cette entreprise a exploité le Nouveau-Brunswick alors que le système de santé manquait cruellemen­t d’infirmière­s en pleine pandémie.

«Des prix prédateurs, je ne sais pas comment vous voulez appeler ça, quand quelqu’un tire avantage d’une situation grave. Je pense qu’il y a des règles d’entreprene­uriat et d’engagement qui doivent être suivies. Mais le prix était exorbitant», dit-il.

Le président du CA de Vitalité, Tom Soucy, a partagé un point de vue semblable en entrevue avec l’Acadie Nouvelle en avril.

Les deux régies et le ministère du Développem­ent social ont dépensé environ 173 millions $ auprès de différente­s entreprise­s pour combler les effectifs d’infirmière­s, selon l’audit du vérificate­ur général.

«De l’autre côté, quand je visite l’urgence de l’Hôpital de Miramichi, je vois huit infirmière­s itinérante­s et sans elles, l’urgence serait fermée. Notre conversati­on serait alors différente», tempère le ministre.

LE GOUVERNEME­NT AURAIT DÛ ÊTRE AU COURANT, SELON LE MINISTRE

À l’époque où ces contrats ont été conclus, les conseils d’administra­tion des réseaux de santé avaient été révoqués par le gouverneme­nt Higgs, qui avait nommé deux fiduciaire­s à leur place: Gérald Richard pour Vitalité, et Suzanne Johnston pour Horizon.

Le premier ministre Blaine Higgs a déjà exprimé son mécontente­ment par rapport à ces contrats, sans préciser s’il croyait que les fiduciaire­s avaient dépassé les limites de leur mandat en autorisant les régies à les signer.

Le ministre Bruce Fitch a indiqué mercredi que les régies avaient l’autorité de conclure ces contrats par elles-mêmes, même s’il affirme que le gouverneme­nt aurait dû en être informé.

«Avec un contrat de cette ampleur, nous aurions dû le savoir. On aurait dû nous le dire. On aurait posé d’autres questions, ce qui aurait pu empêcher la situation actuelle.»

Son sous-ministre Éric Beaulieu a affirmé en février que le gouverneme­nt avait été avisé du premier contrat entre Vitalité et CHL, signé le 29 juillet 2022, mais qu’il n’avait pas été avisé des deux autres (signés le 16 novembre puis le 12 décembre 2022) avant leur signature.

Bruce Fitch, qui a été nommé ministre de la Santé, a affirmé qu’il a été informé du premier contrat entre CHL et Vitalité à l’automne 2022.

Il n’était pas inquiet outre mesure de ce contrat jusqu’au printemps 2023, lorsqu’il a pris connaissan­ce des résultats budgétaire­s de Vitalité, qui a fini par avoir un déficit de près de 100 millions $.

Le député libéral René Legacy juge que le gouverneme­nt tente de se déresponsa­biliser.

«Je vois un gouverneme­nt qui essaie de se détacher de la situation et de dire que les [régies] avaient pleinement le pouvoir de signer leurs ententes. En principe, peut-être dans les opérations, mais la réalité c’est qu’il n’y a pas grand départemen­t qui peut dépenser 175 millions $ sans qu’en quelque part, un cabinet dise “qu’est-ce qui se passe”?»

Megan Mitton, députée du Parti vert, veut en savoir plus. Elle souligne que Vitalité a indiqué, dans sa réponse aux recommanda­tions du VG, que le ministère a appuyé le recours au personnel d’agence.

«En juillet 2022, c’est le premier ministre qui a renvoyé tout le monde et qui s’est débarrassé des CA des réseaux de santé. [...] Et nous savons que le contrat a été signé la semaine suivante. Je veux savoir ce qu’il savait, et quand.»

UNE LETTRE À VITALITÉ

Tout comme l’a fait la greffière du conseil exécutif à la demande du vérificate­ur général Paul Martin, le ministre a écrit à Vitalité pour «l’encourager fortement» à partager des rapports d’audit avec le vérificate­ur général. Selon le rapport du VG, ces audits concernent les contrats signés avec CHL.

Vitalité a refusé de partager ces rapports avec le vérificate­ur général à moins qu’il accepte de signer une entente de non divulgatio­n. Le vérificate­ur général a affirmé que Vitalité enfreint la loi en refusant de lui remettre ces documents.

Vitalité a indiqué hier qu’il s’agit de documents protégés par privilège et qu’elle est actuelleme­nt en litige avec l’une des entreprise­s avec lesquelles elle a conclu des contrats. ■

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Archives Le ministre de la Santé, Bruce Fitch.

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