Contrats d’infirmières itinérantes: des prix «prédateurs», selon le ministre Fitch
Le ministre de la Santé, Bruce Fitch, affirme qu’une entreprise d’infirmières itinérantes a profité de la situation vulnérable du N.-B. pour conclure des ententes défavorables avec des organismes publics, qui ont dû payer des prix «prédateurs».
Les contrats entre des agences d’infirmières itinérantes et des organismes publics tels que les réseaux de santé et le ministère du Développement social continuent de provoquer des débats à l’Assemblée.
Trois de ces contrats lient Vitalité à l’entreprise Canadian Health Labs. Ces ententes ont notamment obligé Vitalité à débourser des fonds pour rémunérer un nombre minimal d’infirmières privées, même lorsque le réseau n’en avait pas besoin, selon un rapport du vérificateur général Paul Martin dévoilé mardi. Le ministère du Développement social a également conclu une entente avec CHL qui comprenait un modèle de facturation semblable.
Une journaliste a demandé au ministre de la Santé, Bruce Fitch, s’il croit que cette entreprise a exploité le Nouveau-Brunswick alors que le système de santé manquait cruellement d’infirmières en pleine pandémie.
«Des prix prédateurs, je ne sais pas comment vous voulez appeler ça, quand quelqu’un tire avantage d’une situation grave. Je pense qu’il y a des règles d’entrepreneuriat et d’engagement qui doivent être suivies. Mais le prix était exorbitant», dit-il.
Le président du CA de Vitalité, Tom Soucy, a partagé un point de vue semblable en entrevue avec l’Acadie Nouvelle en avril.
Les deux régies et le ministère du Développement social ont dépensé environ 173 millions $ auprès de différentes entreprises pour combler les effectifs d’infirmières, selon l’audit du vérificateur général.
«De l’autre côté, quand je visite l’urgence de l’Hôpital de Miramichi, je vois huit infirmières itinérantes et sans elles, l’urgence serait fermée. Notre conversation serait alors différente», tempère le ministre.
LE GOUVERNEMENT AURAIT DÛ ÊTRE AU COURANT, SELON LE MINISTRE
À l’époque où ces contrats ont été conclus, les conseils d’administration des réseaux de santé avaient été révoqués par le gouvernement Higgs, qui avait nommé deux fiduciaires à leur place: Gérald Richard pour Vitalité, et Suzanne Johnston pour Horizon.
Le premier ministre Blaine Higgs a déjà exprimé son mécontentement par rapport à ces contrats, sans préciser s’il croyait que les fiduciaires avaient dépassé les limites de leur mandat en autorisant les régies à les signer.
Le ministre Bruce Fitch a indiqué mercredi que les régies avaient l’autorité de conclure ces contrats par elles-mêmes, même s’il affirme que le gouvernement aurait dû en être informé.
«Avec un contrat de cette ampleur, nous aurions dû le savoir. On aurait dû nous le dire. On aurait posé d’autres questions, ce qui aurait pu empêcher la situation actuelle.»
Son sous-ministre Éric Beaulieu a affirmé en février que le gouvernement avait été avisé du premier contrat entre Vitalité et CHL, signé le 29 juillet 2022, mais qu’il n’avait pas été avisé des deux autres (signés le 16 novembre puis le 12 décembre 2022) avant leur signature.
Bruce Fitch, qui a été nommé ministre de la Santé, a affirmé qu’il a été informé du premier contrat entre CHL et Vitalité à l’automne 2022.
Il n’était pas inquiet outre mesure de ce contrat jusqu’au printemps 2023, lorsqu’il a pris connaissance des résultats budgétaires de Vitalité, qui a fini par avoir un déficit de près de 100 millions $.
Le député libéral René Legacy juge que le gouvernement tente de se déresponsabiliser.
«Je vois un gouvernement qui essaie de se détacher de la situation et de dire que les [régies] avaient pleinement le pouvoir de signer leurs ententes. En principe, peut-être dans les opérations, mais la réalité c’est qu’il n’y a pas grand département qui peut dépenser 175 millions $ sans qu’en quelque part, un cabinet dise “qu’est-ce qui se passe”?»
Megan Mitton, députée du Parti vert, veut en savoir plus. Elle souligne que Vitalité a indiqué, dans sa réponse aux recommandations du VG, que le ministère a appuyé le recours au personnel d’agence.
«En juillet 2022, c’est le premier ministre qui a renvoyé tout le monde et qui s’est débarrassé des CA des réseaux de santé. [...] Et nous savons que le contrat a été signé la semaine suivante. Je veux savoir ce qu’il savait, et quand.»
UNE LETTRE À VITALITÉ
Tout comme l’a fait la greffière du conseil exécutif à la demande du vérificateur général Paul Martin, le ministre a écrit à Vitalité pour «l’encourager fortement» à partager des rapports d’audit avec le vérificateur général. Selon le rapport du VG, ces audits concernent les contrats signés avec CHL.
Vitalité a refusé de partager ces rapports avec le vérificateur général à moins qu’il accepte de signer une entente de non divulgation. Le vérificateur général a affirmé que Vitalité enfreint la loi en refusant de lui remettre ces documents.
Vitalité a indiqué hier qu’il s’agit de documents protégés par privilège et qu’elle est actuellement en litige avec l’une des entreprises avec lesquelles elle a conclu des contrats. ■