Acadie Nouvelle

Le taux de chômage s’élève à 6,1% au Canada

Le taux de chômage au Canada a grimpé à 6,1% en mars, alors que davantage de personnes cherchaien­t du travail dans une économie enlisée dans des taux d’intérêt élevés, renforçant ainsi les attentes d’une baisse des taux en juin.

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L’enquête sur la population active dévoilée par Statistiqu­e Canada vendredi montre que le taux de chômage est passé de 5,8% en février à 6,1% en mars, ce qui représente la plus forte augmentati­on mensuelle du taux de chômage depuis l’été 2022.

L’emploi a peu varié le mois dernier, l’économie ayant perdu 2200 emplois, après des augmentati­ons modestes au cours des derniers mois.

«Les fissures qui avaient émergé au sein du marché du travail canadien se sont soudaineme­nt élargies», a écrit Andrew Grantham, directeur exécutif de l’économie à la Banque CIBC, dans une note à l’intention des clients.

La hausse du chômage survient alors que les coûts d’emprunt élevés pèsent sur les entreprise­s et que la forte croissance démographi­que continue d’accroître l’offre de main-d’oeuvre du pays.

Le taux de chômage a augmenté d’un point de pourcentag­e d’une année sur l’autre.

«Le problème est que nous avons enregistré une légère baisse de l’emploi alors que la population continue d’augmenter, très, très rapidement. C’est la principale source d’inquiétude de ce rapport», a précisé M. Grantham lors d’une interview.

Selon Statistiqu­e Canada, la hausse du taux de chômage est due à une augmentati­on de 60 000 personnes à la recherche d’un emploi ou temporaire­ment licenciées.

Le nombre total de chômeurs dans le pays s’élevait à 1,3 million le mois dernier, soit une augmentati­on de près de 250 000 personnes par rapport à l’année précédente.

Les dernières données sur l’emploi au Canada contrasten­t fortement avec les chiffres de l’emploi au sud de la frontière, également publiés vendredi, alors que l’économie américaine continue de faire figure d’exception à l’échelle mondiale.

Les employeurs américains ont ajouté 303 000 travailleu­rs à leur masse salariale en mars, renforçant l’espoir que l’économie puisse vaincre l’inflation sans succomber à une récession face à des taux d’intérêt élevés.

Le rapport sur l’emploi de mars de Statistiqu­e Canada est la dernière donnée économique majeure que la Banque du Canada doit examiner avant sa prochaine décision sur les taux d’intérêt, mercredi.

Les investisse­urs seront à l’affût de toute indication de la part de la banque centrale sur la date à laquelle elle prévoit de commencer à abaisser son taux d’intérêt directeur, qui se situe actuelleme­nt à 5%.

Les économiste­s avaient parié que la Banque du Canada procéderai­t à la première réduction de taux en juin ou en juillet, mais après les dernières données sur l’emploi, les attentes penchent maintenant davantage vers le mois de juin.

Nathan Janzen, économiste en chef adjoint de RBC, explique que le dernier rapport sur l’emploi jette un froid sur les chiffres de la forte croissance économique du début de l’année 2024.

«Pour (la Banque du Canada), il s’agit d’une raison supplément­aire de prendre les chiffres très élevés du PIB que nous avons eus au début de 2024 avec un grain de sel plus important», a-t-il dit.

Statistiqu­e Canada a indiqué la semaine dernière que le produit intérieur brut réel avait augmenté de 0,6% en janvier. L’agence a ajouté qu’elle s’attendait à ce que la croissance se poursuive en février, avec une estimation préliminai­re indiquant un gain de 0,4% pour le mois.

Selon M. Janzen, d’autres indicateur­s tels que l’augmentati­on du nombre de faillites d’entreprise­s et la diminution des offres d’emploi suggèrent que l’économie subit la morsure des taux d’intérêt plus élevés.

Les jeunes sont particuliè­rement touchés par le refroidiss­ement du marché du travail. L’emploi chez les 15-24 ans a diminué de 28 000 en mars et le taux de chômage pour ce groupe a augmenté à 12,6%, son plus haut niveau depuis septembre 2016, en dehors des années 2020 et 2021.

Selon un rapport de RBC publié en janvier, ce sont les étudiants et les nouveaux diplômés, plutôt que les nouveaux arrivants au Canada, qui sont à l’origine de l’augmentati­on du chômage dans le pays.

«Près de la moitié de l’augmentati­on du nombre total de chômeurs d’une année sur l’autre au Canada (...) était le fait d’étudiants qui n’étaient pas sur le marché du travail et qui ont commencé à en chercher un», a déclaré M. Janzen.

Le rapport de vendredi montre que les pertes d’emplois du mois dernier se sont concentrée­s dans l’hébergemen­t et la restaurati­on, suivis par le commerce de gros et de détail et les services profession­nels, scientifiq­ues et techniques.

Dans le même temps, l’emploi a augmenté dans quatre secteurs, en particulie­r dans celui des soins de santé et de l’assistance sociale.

Malgré des conditions plus faibles sur le marché du travail, la croissance des salaires s’est poursuivie rapidement, les salaires horaires moyens augmentant de 5,1% par an.

Bien que les économiste­s se préparent à des baisses de taux dans les mois à venir, le marché de l’emploi devrait rester faible pendant un certain temps.

M. Janzen indique que RBC s’attend à ce que le taux de chômage culmine à 6,5% au troisième trimestre de l’année, notant que les taux d’intérêt continuero­nt à limiter la croissance jusqu’à ce qu’ils reviennent à des niveaux normaux. ■

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- La Presse Canadienne: Christinne Muschi Le taux de chômage a connu sa plus forte augmentati­on mensuelle depuis l’été 2022.

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