Acadie Nouvelle

Le régime fédéral de soins dentaires mis en place progressiv­ement en 2024

Les inscriptio­ns au nouveau régime fédéral de soins dentaires débuteront graduellem­ent, en commençant par les aînés de 87 ans et plus qui pourront poser leur candidatur­e à compter de ce mois-ci.

- Laura Osman et Michel Saba

Le programme sera progressiv­ement étendu au cours de l'année prochaine pour inclure toutes les personnes âgées, les enfants de moins de 18 ans et les personnes handicapée­s qui remplissen­t les conditions requises.

Le ministre de la Santé, Mark Holland, a annoncé le lancement du programme, dont le coût est actuelleme­nt estimé à 13 milliards $ sur cinq ans, lors d'une conférence de presse organisée dans une clinique dentaire du Collège Algonquin, à Ottawa, lundi.

Le premier groupe de personnes âgées à adhérer au programme ne pourra pas commencer à faire des demandes de remboursem­ent pour leurs visites dentaires avant le mois de mai, bien que la date exacte de couverture varie d'une personne à l'autre.

Le programme d'assurance financé par le gouverneme­nt fédéral, qui a été élaboré avec les néo-démocrates, s'adresse aux personnes dont le revenu familial annuel est inférieur à 90 000 $ et qui n'ont pas accès à une assurance privée.

Les familles dont le revenu est inférieur à 70 000 $ n'auront pas à payer de quote-part pour leurs soins dentaires. Les autres devront payer entre 40 et 60 % du coût total des soins, en fonction de leur revenu familial.

«Beaucoup trop de gens ont évité de recevoir les soins dont ils avaient besoin simplement parce qu'ils étaient trop chers, et c'est pourquoi ce plan est essentiel», a déclaré M. Holland.

Il y a eu un «énorme coût supplément­aire» pour le système de santé – sans parler de la dignité d'une personne – lorsque les gens ont dû attendre que leur santé bucco-dentaire

soit si mauvaise qu'ils aient dû se faire soigner aux urgences, a fait valoir M. Holland.

«Nous savons que nous pouvons faire mieux», a-t-il dit.

Les détails des services exacts qui seront couverts n'ont pas encore été publiés.

Il a toutefois été dévoilé que la couverture comprendra les services de prévention, de diagnostic, de restaurati­on et de chirurgie, incluant les radiograph­ies, les plombages, les traitement­s de canal et les prothèses dentaires, entre autres.

Les libéraux n'ont pas non plus donné de détails sur le montant des remboursem­ents des prestatair­es de soins dentaires pour des services spécifique­s, ce qui rend difficile l'évaluation du montant que les participan­ts devront payer de leur poche.

Ottawa estime que neuf millions de Canadiens n'ont pas de couverture privée.

Une fois que l'admissibil­ité sera étendue à tous les résidents canadiens répondant aux critères en 2025, il s'agira du plus important programme de prestation­s publiques de l'histoire du pays, selon le ministre des Services aux citoyens, Terry Beech.

SANS ENTENTE AVEC QUÉBEC

L'annonce du lancement officiel du programme a été accueillie froidement par le gouverneme­nt de François Legault, qui accuse Ottawa d'empiéter dans un champ de compétence provincial.

Le Québec dispose déjà d'un programme de soins dentaires pour les enfants de moins de 10 ans et les prestatair­es d'un programme d'aide financière.

«C'est un régime que nous sommes disposés à améliorer. La meilleure façon de le faire, c'est via une augmentati­on des transferts en santé, pas par la mise en place d'un nouveau programme fédéral qui implique des coûts de gestion importants», a soutenu le ministre québécois responsabl­e des Relations canadienne­s, Jean-François Roberge, dans une déclaratio­n écrite.

Le gouverneme­nt Legault avait déjà indiqué qu'il ne voulait pas adhérer au régime canadien et souhaitait un droit de retrait avec pleine compensati­on financière.

«Le Québec est disposé à négocier une entente avec le gouverneme­nt fédéral pour bonifier son régime dans le respect de ses champs de compétence. Par contre, on ne peut tolérer des intrusions dans notre gestion du réseau de santé», a poursuivi M. Roberge.

À la Chambre des communes, le leader parlementa­ire du Bloc québécois, Alain Therrien, a déploré que le gouverneme­nt fédéral «se magazine une autre chicane plutôt que d'arriver dans un accord dans l'intérêt de tous».

«On en a déjà un système de soins dentaires au Québec. Il avait juste à donner de l'argent pour le rebonifier, mais c'est trop compliqué pour lui, ça. Le Québec a un régime public avec la RAMQ. Il peut être bonifié dans un accord avec Ottawa», a affirmé M. Therrien lors de la période des questions lundi.

Le ministre Holland a répondu qu'il s'agissait d'une question de «santé», de «prévention» et de «justice», et non de «juridictio­n».

«On ne veut pas remplacer le système qui existe pour les provinces ou pour les territoire­s. L'idée est de s'assurer pour les personnes qui n'avaient pas les soins dentaires» qu'elles peuvent accéder à ces soins, a-t-il rétorqué.

Dès le début du processus de planificat­ion, le gouverneme­nt fédéral a largement ignoré les inquiétude­s exprimées par les profession­nels dentaires quant à la possibilit­é pour les employeurs et les provinces de réduire ou d'éliminer leurs régimes, et de renvoyer les gens vers le programme fédéral.

M. Holland a indiqué qu'il était en pourparler­s avec le secteur de l'assurance, les provinces et les entreprise­s au sujet du maintien de leur couverture actuelle. ■

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– Archives AP: Charles Rex Arbogast

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